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grand trou oblique, dans lequel on vous invite à descendre ; la voie de locomotion se compose de cylindres de sapin polis et luisants, sur lesquels on se laisse glisser à demi-couché, en tenant de la main droite une corde graisseuse tendue parallèlement au cylindre, et quil ne faut ni trop lâcher ni trop serrer ; de lutilité du tablier et du gant de cuir. Le mouvement est dabord assez modéré ; puis il devient tellement rapide quon éprouve bientôt une cuisson dans lintérieur de la main et sous le tablier de cuir. Heureux encore quand le voyageur suivant, trop lancé, ne vient pas vous donner brusquement un coup de tampon qui vous fait descendre avec lui dans un enchevêtrement bizarre. Le tout se termine par un choc assez rude et vous vous retrouvez debout sain et sauf, et de plus dune gaieté charmante. Les cylindres sur lesquels on se livre à ce genre de pati­nage sur le dos sappellent folle ; quelques folles ont 150 et 160 mètres de longueur.

Après avoir pratiqué trois ou quatre fois cette petite gymnastique, on arrive au Lac-Salé, véritable Achéron noir et silencieux ; il est éclairé par 400 lampions ; au moment vous arrivez en bateau au milieu du lac, des jets deau illuminés jaillissent de toutes parts. Vous voyez quon soigne la mise en scène ; et, au milieu de ces ténèbres infernales, on cherche toujours le régisseur et le machiniste en chef qui font mouvoir les trucs.

Les eaux de ce grand lac sont produites par le