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Vous allez à la chute du Rhin, me crient ces deux cocardiers dun ton aimable ?

Oui Messieurs, et vous ?

Nous pareillement. Mais vous nôtes pas alle­mand?

Non, je suis %n français.

Ah très-bien I très-bien ! un français ; nous sommes très-heureux de vous rencontrer.

Et-dessus, des poignées de main pleines deffu­sion ; la cordialité redouble...

Si bien que , à lembranchement le plus voisin, je leur fais mes adieux et je me sauve en tâtant ma montre et mon porte-monnaie. Tout est à sa place... Ce sont peut-être, après tout, de très-honnêtes gens.

Jarrive ainsi à la chute du Rhin, une des mer­veilles de lEurope, un de ces spectacles quon ne saurait dépeindre. Aussi, naurai-je pas la petite hypocrisie de me retrancher derrière une exclusion systématique des descriptions pittoresques , pour jus­tifier mon silence. Je le dis tout franchement : si je nessaie pas de faire une peinture brillante de la chute du Rhin, cest que je ne me sens pas le talent de la faire dignement...

Après avoir dit adieu à ces rochers, à cette cata­racte , à Scliaffouse , me voici installé sur un bateau qui remonte le fleuve jusquà Constance. Nous faisons route au milieu de coteaux ravissants; çà et, des châteaux en ruine, perchés comme des nids daigle

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