Je vais me relire... pour essayer sur moi-même leffet du soporifique.

Vienne, septembre.

Je suis fier aujourdhui, comme si javais exécuté les douze travaux dHercule. Jugez en effet : je suis locataire à Vienne!!

Jai trouvé chez un honorable commerçant de la Josefstadt, une fort jolie chambre, très-propre et à un prix fort modéré. Jai pour colocataires un Améri­cain , deux Allemands et un gros rat blanc, dont la cervelle pointue ne loge quune idée fixe, celle de se couler dans ma valise, chaque fois que jai limpru­dence de lentrouvrir.

Mon mobilier ne mérite pas de description spéciale, sauf toutefois mon lit. Il comprend une couchette en bois trop courte, un matelas trop étroit, couvert dune serviette en guise de drap ; loreiller est agré­menté de rubans et de nœuds ponceau ; la couverture se compose dun couvre-pied piqué, sur lequel se replie et se boutonne 1 q drap de dessus. Ce système a lavantage de laisser entrer lair frais par les quatre points cardinaux du lit : au bout de cinq minutes, draps et couvertures ont disparu et vous vous trouvez sur le matelas. Le seul remède à cet inconvénient est de se rouler obliquement dans sa couverture, à la manière des soldats en campagne.