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Ce sont là des prix à Marinha Grande auxquels l’acheteur doit ajouter 3 francs pour le transport, par 100 kilogrammes, jusqu’à Lisbonne.
La forêt de Leiria avec ses dépendances est donc sans contredit la première et la meilleure propriété forestière de l’État, et par sa grande contenance, et par l’importance et les qualités de ses produits de toute espèce. Quelques mots à présent sur la forêt de Bus- saco, digne aussi d’être mentionnée spécialement sous un rapport différent.
Bussaco se trouve situé au nord-est de Coimbra à 20 kilomètres de cette ville et dans l’extrême nord delà petite chaîne de montagnes d’Alcoba. La forêt, dont la superficie ne mesure guère plus de 100 hectares, est complètement close et entourée d’un mur élevé: elle va jusqu’au sommet de la montagne, à 550 mètres au- dessus de l’Océan, qu’on peut apercevoir à une distance de 30 kilomètres.
Bussaco suscite dans l’esprit du voyageur bien des souvenirs historiques. En 1628, l’évêque comte de Coimbra, D. Joâo Manoel, a fait donation de la forêt à l’ordre des Carmélites déchaussés pour y fonder un ermitage.
Les ascètes y vivaient dans la plus rigoureuse clausure, se livrant aux exercices de pénitence : aidés par les évêques de Coimbra, qui ont succédé à celui qui leur avait donné la forêt, ils ont construit plusieurs petites chapelles, qui représentaient toute la passion de Jésus-Christ depuis le Jardin des Oliviers jusqu’au sépulcre. Outre cette via sacra , il existe aussi dans l'intérieur de la forêt plusieurs autres chapelles, où les ermites allaient faire pénitence. Ceci dura jusqu’en 1834, époque où les ordres religieux furent abolis en Portugal.
Ce ne sont pas seulement les souvenirs religieux dont on vient de parler qui se rattachent à Bussaco : le monastère et la forêt sont encore célèbres, parce que des personnages illustres y ont vécu en exil, parmi lesquels on peut citer deux princes, enfants naturels du roi D. Joâo V (1760-1777), quelques prêtres condamnés par le Saint-Office (1794-1795), un évêque de Bragança (1814-1818), un cardinal, patriarche de Lisbonne (1821), un archevêque et un évêque de Pinhel (1823). Enfin, Bussaco est encore mémorable par la grande bataille du 27 septembre 1810, livrée par l’armée anglo- portugaise, commandée par lord Wellington, à l’armée française du