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général Masséna. Sur le champ de bataille et à mi-côte de la montagne, on y achève à présent un monument commémoratif de ce brillant fait d’armes, construit aux frais du Gouvernement portugais.
Après l’abolition des ordres religieux en Portugal (4834),Bussaco fut abandonné comme plusieurs autres couvents qui leur appartenaient : en 1836 cependant, la forêt et les bâtiments y existants ont été incorporés dans le domaine de l’Administration générale des forêts du royaume, et dès lors le Gouvernement a employé beaucoup de sollicitude pour conserver et améliorer cette propriété, qui actuellement est devenue non-seulement une grande pépinière d’arbres indigènes, mais aussi un jardin forestier pour acclimater les essences exotiques. Bussaco est encore une station de plaisance dans la belle saison, où les étrangers accourent pour visiter le champ de bataille et jouir d’un des plus beaux coups d’œil qu’on puisse voir. Enfin, plusieurs familles y vont passer les mois des grandes chaleurs pendant l’été, cherchant la fraîcheur sous le couvert des arbres séculaires de la forêt. Il faut encore ajouter que plusieurs malades et convalescents y vont aussi chercher leur santé dans la pureté de l’air embaumé qu’on y respire et dans les eaux médicinales qui jaillissent en abondance tout près de Bussaco, dans la vallée de Luzo, où il existe déjà un établissement de bains.
Ce qui rend la forêt actuellement très-remarquable, c’est le contraste de son ancien aspect avec le moderne : l’arbre principal est le chêne qui s’y trouve représenté admirablement par différentes espèces ; et de toutes ces espèces on peut y admirer des exemplaires colossals. Il y a aussi à remarquer certaines essences qui, ailleurs, sont à peine des arbres de seconde et même de troisième grandeur et qui, à Bussaco, prennent une grande taille; on peut citer, entre autres, les Laurus, Yiburnum, Phillyrca, Ilex, Arbutus, Cerazus, Buxus, Rhamnus, etc., etc. Mais ce qui vraiment fait la gloire de la forêt, c’est le Cèdre du Bussaco, dénomination ancienne et vulgaire de cet arbre magnifique. Ce cèdre n’est cependant que le Cupressus glauca, de Lamark, ou Cupressus Lusitanica, de Tournefort. On ignore encore sa provenance véritable, quoique la chronique des Carmélites en dise que l’évêque de Coimbra, D.Manoel de Saldanha, fut le premier qui planta cet arbre à Bussaco vers 1680, l’ayant fait venir des Açores. Brotero, dans sa Flora Lusitanica, affirme qu’il est venu de Gûa (Indes portugaises).