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Par tous ces efforts, les ingénieurs portugais sont arrivés à construire, d’une manière assez solide pour pouvoir résister pendant longtemps à l’action de la mer et être un jour consolidée par des moyens plus énergiques, s’il en est besoin, une étendue de môle de 580 mètres.
Ils sont arrivés cependant à cette conviction, qu’il y a , dans l’emploi du système anglais avec un pont de service aussi étroit et aussi bas, des inconvénients assez graves pour en annuler les principaux avantages : la continuité des travaux pendant toute saison et l’économie des transports qu’il peut peut-être avoir quand il est appliqué sur une échelle convenable : toute l’étendue du pont de service non complètement emprisonnée dans les enrochements étant ordinairement enlevée par les tempêtes un peu violentes, les travaux sont ainsi forcément discontinués jusqu’à sa reconstruction, difficile en hiver; et, avec cette reconstruction souvent répétée, toute économie des transports disparaît. Si, comme on l’a fait dans les dernières années, on enlève au commencement de l’hiver la plus grande partie du pont de service, l’intensité des travaux est très- restreinte et sujette à des interruptions plus fréquentes ; d’ailleurs, il y a dans la main-d’œuvre de ces enlèvements et reconstructions du pont de service une source de dépenses très-considérables, surchargeant le coût des transports. On a aussi reconnu qu’avec un tel pont de service, quand même il est complété et élargi par des voies provisoires auxiliaires montées sur le talus du large, l’élargissement convenable de celui-ci ne se fait qu’aux dépens des actions de la mer, souvent irrégulières, quelquefois contraires, et toujours très-lentes. D’ailleurs, les inclinaisons obtenues pour ce talus au-dessus des basses mers (3 pour \ environ) ne peuvent pas se maintenir longtemps sous l’action des vagues, qui travaillent continuellement à les réduire à l’inclinaison normale des plages d’à peu près 8 de base pour i de hauteur ; et ainsi, le système de construction adopté jusqu’ici ne peut donner au môle qu’un profil temporaire ; ce profil ne peut être porté à un état permanent que par la chute successive d’une partie des enrochements en excès sur le talus du large au-dessus de la basse mer, et ces enrochements en excès, sans contribuer à la consolidation du talus, sont entraînés par la composante tangentielle de l’effort de la vague, le long du môle, dans l’intérieur du port, et encombrent une partie des profondeurs utiles. Ce fait s’est produit plusieurs fois pendant le cours