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structions navales perfectionnées et dans l’art de naviguer soit à la voile, soit à la vapeur.
» Les peuples de l’antiquité ne considéraient pas avec autant de grandeur qu’on l’a fait de nos jours les communications commerciales à créer par la voie que nous venons d’indiquer.
» Ils bornaient leur ambition à joindre par un canal la mer Rouge avec le Nil : ce qui suffisait pour assurer les communications entre l’Egypte et l’Arabie.
» Cette œuvre fut commencée par le Pharaon Néchos, fils de Psammi- tichus.
« S’il faut en croire Hérodote, sous le seul règne de Néchos, cette entreprise aurait coûté la vie à 120,000 ouvriers. Malgré la grandeur d’un tel sacrifice, le Pharaon n’acheva pas le canal de Suez. Ce prince ayant voulu consulter un oracle, il en reçut la réponse qu’accomplir un pareil ouvrage, c’était travailler pour les barbares. Les Egyptiens, et les Grecs à leur exemple, appelaient barbares tous les peuples qui ne parlaient pas leur langue.
» L’oracle dut être satisfait qu’on n’exécutât point le canal, par respect pour sa prévoyance; mais il dut être affligé que les barbares, c’est-à-dire les conquérants, arrivassent précisément par la direction que devait suivre le canal.
» Vingt-quatre siècles plus tard, à Constantinople, précisément aussi pour le meme motif, un oracle de nos jours fait ajourner le canal maritime dont nous entretenons l’Académie.
» Darius, le fils du Conquérant, voulut reprendre le projet du Pharaon Néchos; il en fut détourné par de prétendus savants. Ceux-ci lui persuadèrent que la mer Rouge était d’un niveau très-supérieur à celui de la Méditerranée; et qu’elle aurait, à ce que rapporte Diodore de Sicile, inondé la basse Égypte si l’on eût ouvert à ses eaux une voie qui communiquât avec le Nil inférieur.
» Les Ptolémées, inspirés par les idées d’Alexandre le Grand, ont achevé ce que les Égyptiens et les Perses avaient les uns commencé, les autres continué.
» Enfin, après la conquête des Romains, Adrien a perfectionné l’œuvre des Grecs pour communiquer entre la mer Rouge et la branche la plus orientale du Nil.
» Omar, le compagnon de Mahomet, avant conquis la vallée du Nil, son lieutenant Amrou lui présenta l’idée d’un canal direct de Suez à i’éluze. Ce canal, en joignant les deux mers, devait être pour la patrie de Mahomet le