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Issue du canal dans la Méditerranée.
» Aux abords de la Méditerranée, la nature n’a point fait les mêmes frais qu’à l’extrémité de la mer Rouge.
» La ligne la plus directe, celle que suit le canal, traverse dans sa longueur, du sud au nord, le lac Menzaleh; elle vient aboutir à dès dunes qui s’élèvent sur une plage sans abris. La plage, du côté de l’est, forme un arc peu prononcé : c’est le golfe de Péluze.
« A Péluze, autrefois, débouchait dans la mer la plus orientale des branches du Nil ; cette branche n’existe plus. On ignorait jusqu’aux lieux où fut Péluze, lorsqu’en 1799 notre illustre confrère, G. Monge, en découvrit la position et les vestiges.
» C’est à 28 kilomètres de Péluze, du côté de l’occident, que la Commission internationale a fixé de préférence le débouché du canal dans la Méditerranée. En ce point, la côte présente le sommet d’un angle très-obtus, sommet qui termine le golfe Péluziaqne. Là, le chenal aura l’avantage de trouver une pente plus rapide du sol sous-marin ; ce qui diminuera la longueur des jetées à construire, et les chances de dépôt des alluvions.
v Au point ainsi déterminé pour le débouché du canal, on construira le port de Sdid; Saïd est le nom du Vice-Roi, de ce prince éclairé sous les auspices duquel doit s’accomplir la grande entreprise.
» La côte en avant du lac Menzaleh présente un rebord, un lido, dont la largeur varie de 100 à i 5 o mètres, avec un relief qui n’a pas en général plus de i m , 5 o au-dessus de la basse mer.
» Considérons le golfe de Péluze. Du côté de l’orient, jusqu’au mont Casius, règne une chaîne de dunes sur lesquelles on trouve quelques végétaux : dunes qui, dès lors, peuvent être considérées comme à l’état fixe.
» Autour de Péluze il existe un fond vaseux, partie desséchée du lac Menzaleh. Ensuite à l’occident jusqu’à Damiette, dans une étendue de 5o kilomètres, l’on voit la portion du lac où coulent tour à tour, en sens contraires : i° les eaux qui proviennent du Nil; 2 0 les eaux de la mer que poussent les vents et les marées, et qui pénètrent par les bouches appelées Bogahz : ces eaux déferlent quelquefois par-dessus le lido.
» Un fait extrêmement remarquable, c’est que la partie du littoral en avant de Péluze n’a pas varié depuis dix-neuf siècles. Entre la mer et les ruines de cette ville la distance est encore égale à la mesure assignée par le géographe Strabon.
» On peut considérer comme immuable le cordon du littoral qui s’étend de Péluze jusqu’à Damiette.