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nature et l’art ont donné : en Australie, la laine et l’or ; en Arabie, le café, les aromates; en Océanie, les épices; en Chine, le thé, la porcelaine; dans l’Inde, la soie, le coton. Les neuf dixièmes du genre humain seront mis en communication directe avec une voie navigable à laquelle vont se rattacher d’abord tous les grands travaux publics en cours d’exécution sur notre hémisphère, puis tous ceux que l’on prépare à la seule annonce du nouveau trait dunion que l’on veut tirer sur la carte des deux mondes.
» L’Académie nous permettra de lui soumettre la pure énumération des rapports qui s’établissent entre le progrès actuel des nations les plus actives et l’entreprise projetée. C’est un tableau plein d’enseignements.
» Dans l’Indostan, l’Angleterre perce des chaînes de montagnes pour ouvrir des chemins de fer, depuis l’Océan jusqu’aux plaines immenses où la culture du coton peut aisément être décuplée. Il s’agit de suppléer au produit insuffisant des Etats-Unis. Ce coton d’Orient, que l’on transporte maintenant par la voie si longue du cap de Bonne-Espérance, et que l’on s’apprête à multiplier par centaines de millions de kilogrammes, aussitôt que s’ouvrira le canal égyptien, l’on pourra l’apportera Manchester plus vite, a de meilleurs ternies et plus en état de soutenir la lutte avec les concurrents si fiers et parfois si menaçants de l’Amérique septentrionale.
» Manchester a cette puissance qu’elle dicte à l’Angleterre ses convictions commerciales : ville avant tout pratique et logique, elle n’admet pas les obstacles qui s’appuient autre part que sur ses intérêts et sa raison.
» Les gouverneurs de l’Inde britannique achèvent le long canal de la Jumna, qui double la navigation du Gange et qui la fait remonter au pied des pentes de l’Hymalaïa. On étend jusque-là le parcours fructueux de la navigation qui deviendra la plus directe entre la Grande-Bretagne et quatre- vingt millions de ses sujets, concentrés avec leurs richesses dans le bassin gangétique.
» Quand l’Australie triple en dix ans sa population, et quadruple en quatre ans son commerce avec l’Europe ( 1 ), elle appelle avec d’autant plus de puissance une voie moins longue que les six mille lieues de route détournée qui l’éloignent de l’ancien monde. En i856, elle a passé contrat pour transporter par l’Egypte ses voyageurs, sa correspondance et son or,
(i) Valeurs des produits britanniques exportés en Australie :
Dans l’année i85o. . . Dans l’année 1 854- • •
62,549,85o francs. 273,283,800 »