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en attendant que ses produits communs suivent cette voie devenue comp é- tement maritime.
» Des conséquences du même ordre attendent les grands travaux qui s’accomplissent en Europe.
» Lorsque l’Autriche prolonge le réseau ferré de la Lombardie jusqu’à Venise, et le réseau de l’Allemagne depuis le Wéser, l’Elbe et le Danube jusqu’à Trieste, l’Autriche ouvre par cela même à l’Allemagne, aux provinces cisalpines, la voie qui conduit par l’Adriatique aux trésors de l’Orient.
» A la simple idée d’un canal de Suez appelant les navires de la Méditerranée et les détournant du cap de Bonne-Espérance, l’Italie voit renverser le problème dont la solution directe fit sa ruine il y a quatre siècles; aussitôt la Péninsule réveillée, invoquant le progrès des arts modernes, cherche à ressusciter ses prospérités du moyen âge.
» Le simple Conseil municipal qui remplace à Venise la glorieuse République dont le Doge épousait la mer, et l’épousait en souverain, ce Conseil établit une Commission d’enquête; il la charge de retrouver les traditions du Levautpar la voie d’Egypte, et d’explorer les moyens nouveaux d’en reproduire la grandeur. L’Institut scientifique de l’Etat vénitien propose un prix à celui qui montrera le mieux quelles seront les conséquences probables du canal maritime de Suez; et quel ensemble de voies territoriales de communication pourra de nouveau rendre Venise le centre commercial correspondant à cette route de l’Inde. C’est le 3o mai i85j que sera décerné ce prix.
» De son côté, le royaume de Sardaigne, cette abeille laborieuse au courage plus grand que le corps, la Sardaigne ouvreà la fois ses Alpes et ses Apennins à la Suisse, à la Savoie, au Piémont, pour tout conduire au port de Gênes. La Sardaigne va plus loin : elle vote une loi pour élargir ce port aux grands souvenirs ; pour l’accroître, suivant l’exposé des motifs, dans la vue de suffire au nombre des navires que le canal maritime égyptien va faire affluer dans le berceau des Christophe Colomb et des André Dori a.
» Il n’est pas jusqu’à l’État romain qui, dans la même prévision, trouve ses ports insuffisants. Une commission pontificale est instituée pour chercher au delà du Tibre, du côté de l’orient, une baie propre à recevoir de grands navires, et dont l’art puisse faire un port marchand de premier ordre. On rattachera ce port au long chemin de fer qui conduira de Calais à Naples, par Paris, Florence et Rome : nouvelle voie pour aller plus directement de Londres dans les mers de l’Inde.
» L’Espagne aussi se réveille. Elle conduit ses chemins de fer, du centre de l’État, à Barcelone, à Carthagène, à Cadix ; elle appelle à la fois l’Anda-