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que les ingénieurs anglais employèrent pour tous leurs môles enracinés à la terre, celui de Douvres excepté : l'emploi des enrochements naturels et leur transport et jet à la mer au moyen d’un pont de service en bois, fondé sur des piliers posés ou fixés sur le fond de la mer, quelle qu’en soit la profondeur et continuant les voies de terre communiquant aux carrières ; seulement, ce système a été exécuté sur une petite échelle quand on la compare à celle adoptée dans les ports anglais et successivement modifié d’après les enseignements de l’expérience, surtout : 4° quant à la largeur du pont de service, à sa hauteur et à l’emploi de voies auxiliaires indépendantes pour en suppléer l'insuffisance; 2° quant à la grandeur des enrochements, et 3° enfin quant à la distribution des matériaux de différentes grosseurs dans leur lieu d’emploi. Ainsi, tandis qu’à Holyhead le pont de service avait 40 mètres de largeur et 4 m 45 au-dessus des vives eaux extraordinaires, le premier pont de service proposé par sir John Rennie pour Saint-Michel n’avait que de largeur, le niveau des rails ne s’y élevait que de 4 m o6 au-dessus des pleines mers ordinaires et la face inférieure de la superstructure avait à peine 2 m 43 : ce pont ne permettait d’ailleurs le versement de front que de son extrémité la plus avancée. Ces ingénieurs ne faisaient , en pratique, aucun choix des enrochements et employaient pêle-mêle toutes les grosseurs, cherchant même à rendre le massif plus consistant en y mêlant des cailloux, des débris de carrière et des argiles ; nous disons en pratique, car les premières instructions de Rennie contenaient des prescriptions sur la distribution des pierres de différentes grosseurs ; mais ces instructions étaient mal définies et incompatibles avec la petite largeur du pont de service et n’ont pas été rigoureusement suivies; le même ingénieur les a, parla suite, beaucoup altérées.
En outre, les ingénieurs anglais ont commencé et continué pendant longtemps à exploiter les carrières à la poudre, ce qui, à cause de leur nature, du basalte en couches minces de 2 à 3 mètres d'épaisseur au plus, séparées par des couches de terre et des scories volcaniques, ne leur donnait que de menus blocs, les plus gros, et peu nombreux, ne pesant pas plus de 6 tonnes anglaises. Instruits, d’abord par une meilleure étude des circonstances locales et ensuite par les avaries éprouvées par l’ouvrage, les ingénieurs résidents ont, dès le début, corrigé les défauts du pont de service proposé, le rendant plus simple et capable de permettre le versement latéral, et