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EXPOSÉ.
satisfaction. Déplus, la Grande-Bretagne du dix- neuvième siècle ne peut pas être comparée à Venise, qui, à la suite de ses défaites de 1291 et de 1298, avait dû céder la primauté à Gênes. Après avoir brillé encore au premier rang lorsqu’elle se mit à la tête de la ligue contre Charles VIII (1495), elle perdit définitivement sa prépondérance quand les Portugais détruisirent ses flottes dans la mer Bouge, et que l’empereur, le pape, les rois de France et d’Aragon formèrent contre elle la ligue de Cambrai. Il est inutile de prouver, par de plus amples considérations historiques, que la décadence de la reine de l’Adriatique a tenu à d’autres causes qu’à la découverte du Cap (1497), dont elle aurait pu profiter aussi bien que les Portugais si elle avait eu les mêmes éléments de force et de vitalité. 11 n’a pas fallu de révolution géographique pour faire passer la domination et le commerce des Indes des mains des Portugais et des Français entre celles des Anglais. Trieste, qui a hérité de la prospérité commerciale de Venise et qui l’a même dépassée, n’a pas eu besoin du rétablissement de l’ancienne route des Indes. Si elle prend une large part, comme il faut l’espérer, aux bénéfices de la coupure de l’isthme, si sa voisine de l’Adriatique y retrouve une nouvelle vie, la Grande-Bretagne n’y perdra rien. A-t-on vu quelque part qu’une capitale mise en communication, par un chemin de fer, avec un
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