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conduit d’Alexandrie au Caire : ce canal rétablit entre ce port et les lieux où fut Memphis une communication aquatique impraticable depuis des siècles.
» Tandis que Méhémet-Ali fondait sa fortune en Égypte, les Anglais doublaient la leur en Orient. Lorsqu’ils eurent acquis cent millions de sujets dans les bassins du Gange et dellndus, ils furent les premiers à sentir le besoin d’établir, entre leur métropole et l’Inde, une communication moins détournée, moins lente et moins périlleuse, que la voie du grand Océan par le cap de Bonne-Espérance.
» Des études approfondies les convainquirent à tel point des avantages que présente la direction de Suez, qu’ils ne voulurent attendre l’exécution d’aucun ouvrage d’art entre la Méditerranée et la mer Rouge. Ils établirent deux navigations accélérées par la vapeur; la première, depuis l’Angleterre jusqu’au port d’Alexandrie; la seconde, depuis Suez jusqu’à Bombay, à Calcutta, à Syngapore, à la Chine. Pour compléter chaque voyage, les dépêches, les voyageurs et les trésors furent transportés sur des chameaux, ces navires du désert, entre Alexandrie et le Caire, entre le Caire et Suez.
» A partir de ce moment, tous les efforts des Anglais tendirent à créer un moyen de communication moins imparfait et moins lent que celui des bêtes de somme, pour franchir l’isthme de Suez.
» Dès i83o, entre Manchester et Liverpool, le génie britannique avait produit une révolution complète dans la construction et la circulation des routes, par l’application de la vapeur à la traction des voitures. I! fallut cependant près de vingt, années avant qu’on entreprît un chemin de fer dirigé d’Alexandrie vers le Caire, en attendant le chemin complémentaire qui doit le prolonger jusqu’à la mer Rouge.
Lorsque cette voie sera terminée, on aura résolu l’un des problèmes désirables pour communiquer entre l’Europe et l’Inde. En apparence, on aura réduit le parcours au minimum de la durée. Cent jours de navigation par le cap de Bonne-Espérance auront été remplacés par vingt à vingt-cinq jours, y compris la traversée par terre de l’isdnne de Suez.
» Cependant, au moyen de ces innovations, on n’aura conquis la rapidité qu’aux dépens de l’économie. On ira quatre fois plus vite , mais avec une dépense double, au moins, de celle qu’exige aujourd’hui la navigation qui fait le tour de l’Afrique avec le seul secours du vent.
-> Cette aggravation de la dépense, un peu trop souvent secondaire aux yeux des gouvernements, est très-grave aux yeux du commerce. Elle a suffi pour que la plus grande partie des transports maritimes continuât de s’effectuer par la route la plus longue.