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Canal maritime de Suez : rapport / par le Baron Charles Dupin
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fetir moyenne des eaux de la mer Rouge surpasse seulement de 68 centi­mètres la hauteur moyenne de la Méditerranée. Un canal sans écluses, bos- phore 'véritable entre les deux mers, ne présentera donc pas, comme celui de Constantinople, un courant qui toujours marchera dans le même sens. Suivant les vents et les marées, la mer Rouge pourra sélever de manière à porter à plus de deux mètres la différence de niveau des deux mers; en d'autres moments cette différence pourra se réduire à zéro, et quelquefois devenir négative.

» Les promoteurs de la seconde association nont pas plus persévéré que ceux de la première dans leur projet dune canalisation ; leurs vues se sont portées de préférence vers le chemin de fer que nous avons mentionné.

» Trois ingénieurs dun rare mérite sétaient unis à la seconde associa­tion pour létude des travaux : un Anglais, M. Stephenson, le célèbre con­structeur de chemins en fer; un Autrichien, M. Negrelli ; un Français, M. Paulin Talabot. Il est résulté de leur concours une conception très- remarquable de ce dernier ingénieur.

» Le projet de M. P. Talabot était douvrir un canal à très-grande section, avec une profondeur deau de 8 mètres, qui permettrait le parcours des plus puissants navires de commerce.

» Une première partie reproduisait à peu près le tracé des Ptolémées, amélioré sous le règne dAdrien ; elle devait conduire de Suez au Caire et dé­boucher dans le Nil, au-dessus du barrage de Saïdieh. On aurait traversé le fleuve librement, ou par un pont-canal; on aurait ouvert une seconde sec­tion aboutissant à la Méditerranée dans le port-vieux dAlexandrie. Ce pro­jet, le triumvirat auquel il avait sa naissance, na pas essayé de le faire adopter.

» Tel était létat des choses lorsquen i854 M. Ferdinand de Lesseps a saisi la pensée dun grand canal maritime, et l'a poursuivie avec une tout autre persévérance que ses divers prédécesseurs.

» U fallait éviter des jalousies internationales qui souvent paralysent les projets les plus utiles au genre humain. Le nouveau promoteur dune concep­tion qui depuis vingt-cinq siècles sélabore et savance avec tant dobstacles, M. de Lesseps sest fait accorder, par le vice-roi dÉgypte, lautorisation de constituer une association qui ne sappuierait sur lamour-propre, sur lin­telligence et les moyens financiers daucune puissance en particulier; qui ferait appel au même intérêt chez toutes les nations, et se constituerait sous le titre de Compagnie universelle du canal maritime de Suez.

» M. de Lesseps sest proposé de mettre à profit les lumières émanées de tous les projets antérieurs.