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» Deux ingénieurs du vice-roi d’Égypte, MM. Linant et Monge], beys, avaient déjà dressé des plans et des calculs. Ces premières études ont été prises pour point de départ, mais sans préférence préconçue. Les innovations, les améliorations ont été sollicitées et reçues, de quelque contrée quelles provinssent. L’œuvre finale, ainsi rendue moins personnelle,-n’en est devenue que plus facile à l’acceptation universelle.
» Lorsque le programme raisonné de M. de Lesseps fut mis au jour, un vif assentiment se manifesta chez les peuples les plus éclairés, les plus calculateurs et les moins aventureux. En même temps, des objections nombreuses et graves furent présentées; elles furent soutenues avec beaucoup d’assurance et, disons aussi, de talent.
» Afin d’arriver à résoudre les difficultés, à répondre s’il se pouvait aux objections, à profiter des critiques et des avis salutaires, à formuler une solution définitive, M. F. de Lesseps eut l’heureuse pensée d’obtenir la formation d’une Commission d’ingénieurs civils et maritimes, d’hydrographes et d’officiers de marine; ils furent demandés aux gouvernements des pays les plus intéressés dans la question du canal projeté.
» Par ce moyen, l’amour-propre d’aucun peuple ne devait être froissé, puisqu’aucun peuple ne pourrait regarder comme sa propriété la conception définitive : paralyser les vanités internationales, c’est avoir fait le plus grand pas vers un concours universel.
» Voici comment les nations ont été représentées dans la Commission internationale :
» Pour l’Égypte, MM. Linant et Mou gel, beys, les ingénieurs en chef du vice-roi.
» Pour la Hollande, qui possède encore des îles de grande importance en Orient, M. Conrad, ingénieur en chef des travaux hydrauliques du Water- Slaat, à la Haye. C’est M. Conrad que la Commission internationale a constamment choisi pour la présider.
» Pour l’Autriche, l’héritière des intérêts de Venise et de l’Adriatique, M. de Negrelli, inspecteur général des chemins de fer de l’Autriche. M. de Negrelli s’est rendu l’auteur d’études de projets fort remarquables.
» Pour les États sardes qui comprennent Gênes, la seconde puissance navale de la Méditerranée avant la découverte du cap de Bonne-Espérance, M. Paléocapa, Ministre des travaux publics, à Turin.
» Pour l’Espagne, qui conserve dans les mers d’Asie les îles importantes des Philippines, M. Cipriano Segundo, directeur général des travaux publics, à Madrid.