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» Pour l’Àngletere, la puissance maritime entre toutes la plus intéressée au percement de l’isthme de Suez, MM. Rendel et Mac-Clean, ingénieurs des ports; M. Charles Mauby, secrétaire de la Société des Ingénieurs civils ; enfin M. Harris, capitaine de la marine britannique, recommandé par soixante-dix vojages sur la ligne de la mer Rouge et de l’Inde, sans qu’il ait fait naufrage une seule fois, sur cette mer Erythrée qu’on a représentée comme périlleuse au plus haut degré.
» Pour la France, M. Renaud, inspecteur général des Ponts et Chaussées ; M. Lieussou, ingénieur du corps impérial des Hydrographes; M. Jaurès, capitaine.de vaisseau; ei M. le contre-amiral Rigault de Genouilly, après son retour de l’expédition de Crimée.
» Telle a donc été la grande Commission chargée d’approfondir toutes les questions, et de résoudre les objets que peut soulever la communication entre la Méditerranée et la mer Rouge.
» La Commission ainsi constituée a divisé ses opérations en deux parties : la première qui devait s’accomplir en Egypte, au moyen d’une sous-commission, laquelle verrait tout de ses yeux; la seconde partie des opérations consistait à discuter en conseil général toutes les solutions, pour parvenir aux dernières conclusions : c’estàParis que s’est accompli ce travail définitif.
» La Commission avait à choisir entre différents systèmeset différents projets. Elle a commencé par apprécier l’importance capitale d’un canal maritime suffisant pour recevoir les bâtiments du plus grand tonnage qui soient maintenant employés par le commerce.
» Elle a fait un examen approfondi du projet qui satisfait à cette première condition, publié par M. PaulinTalabot, celui dont nous avons donné l’idée. La Commission rend hommage au talent cpi’a déployé l’habile ingénieur qui s’est fait en France une réputation justement méritée, par la conception et l’exécution de travaux publics importants.
» Le premier inconvénient du projet conçu par M. Talabot est d’exiger une canalisation en ligne brisée, ayant près de cent lieues d’étendue, pour unir Alexandrie, le Caire et Suez; tandis qu’on peut communiquer entre les deux mers par une ligne directe de trente-sept lieues. Des difficultés très- grandes se rencontrent à la traversée du Nil, soit qu’on oblige les navires à franchir librement le fleuve, soit qu’on les fasse passer sur un large pont- canal assez élevé pour laisser couler sous ses arches les plus hautes eaux du fleuve. Cette élévation occasionnerait, dans les terres riveraines du canal, des filtrations qui produiraient l’effet le plus désastreux, lorsque les eaux du fleuve viendraient à baisser. De telles filtrations ramèneraient à la surface du