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Canal maritime de Suez : rapport / par le Baron Charles Dupin
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le charger, suivant loccurrence, sur un ou plusieurs navires supposés pré­sents et prêts à partir.

» On peut concevoir tout ce quil faudra de temps pour accomplir cette multiplicité dopérations. Mais il y a bien dautres inconvénients que le temps consommé. Si les objets à transporter sont fragiles, sils craignent dêtre tachés, déchirés, mouillés, etc., lon multiplie le péril dendommager les produits par ces débarquements et ces embarquements successifs. Nous léprouvons pour les meubles que nous faisons voyager sur des chemins de fer, et même pour des objets chargés et déchargés sous nos yeux.

« En 1 85 1, lorsquil a fallu transporter à Londres des statues, des bas- reliefs et les beaux produits de la manufacture de Sèvres, malgré beaucoup de surveillance, la simple complication dun chargement à Paris sur le che­min de fer du Nord, et dun embarquement intermédiaire à Dunkerque, cette complication a suffi pour produire des accidents déplorables et briser les objets dart les plus précieux.

» Il est un autre inconvénient, et capital. Quand les marchandises sont transportées sans changer de mains, le capitaine du navire répond person­nellement de la conservation et du bon état des objets. Mais, quand les ob­jets narrivent que par une deuxième, une troisième main, après deux voyages de mer entrecoupés par un transport sur chemin de fer, on ne sait plus à qui sen prendre du mauvais état des objets transportés. Lorsque trois personnes isolées sont responsables dun même dommage, sans quon puisse lattribuer à lune plutôt quà lautre, en réalité personne nest plus respon­sable; le commerce, alors, na ni sécurité ni garantie.

» Aux yeux des expéditeurs, de tels inconvénients suffiront pour faire préférer incomparablement un canal maritime, traversé par le navire unique, sans débarquements, sans embarquements intermédiaires. Dans ce système, on trouvera quau lotal le transport de la mer Rouge à la Méditerranée, même pour les envois de marchandises communes, exigera beaucoup moins de temps quavec le chemin de ferle mieux organisé. On préférera le canal pour la responsabilité réelle, pour la conservation des objets, pour léco­nomie du transport et pour la célérité finale.

» Nous avons raisonné dans lhypothèse dun roulage ordinaire ou d'une accélération moyenne.

» Mais, quand il sagit de transports très-accélérés, lavantage est bien plus grand pour un canal maritime. Aujourdhui, ce sont les navires paque­bots à grande vitesse qui font ce genre de transports; ils parcourent par heure environ 18 kilomètres; ils franchiront le canal en huit heures.