Dokument 
Canal maritime de Suez : rapport / par le Baron Charles Dupin
Entstehung
Seite
21
Einzelbild herunterladen

( 21 )

faveur dun allié tout-puissant, quelle garantisse un revenu sur son Trésor, aux capitalistes qui feront les fonds de cette voie asiatique; et quelle ga­rantisse un revenu supérieur au taux moyen quon obtient pour les capitaux placés sur les chemins de fer dAngleterre, Cest un plaisir considérable que la Turquie procure à la Grande-Bretagne, exempte de rien garantir et qui naura quà recueillir.

Concurrence du canal maritime avec la navigation par le tour de VAfrique.

» En définitive, pour le transport de cette immense quantité de marchan­dises, échangées maintenant entre lEurope et les grandes Indes, la voie par lÉgypte ne peut plus redouter quune concurrence non pas au nord, mais au midi : cest la navigation continue par le cap de Bonne-Espérance.

» Ici se présente une question qui, depuis bientôt quatre siècles, influe sur le commerce du monde. Quil nous soit permis den offrir un très-bref historique, propre à rectifier des opinions erronées sur ce sujet de si haute importance.

» Jusquaux derniers jours du XV e siècle, le commerce ne connaissait pas la route de lEurope à lInde en faisant le tour de lAfrique.

» On passait au nord par Constantinople ou par lAsie Mineure, par la Mésopotamie et le golfe Persique; au midi par lÉgypte et la mer Rouge. Comment ces diverses directions ont-elles été tout à coup abandonnées ?

» Jean II, roi de Portugal, aspirait vivement à découvrir la voie la plus avantageuse pour communiquer avec les grandes Indes.

» Il avait la pensée douvrir des relations commerciales avec le souverain de lAsie quon appelait le prêtre Jehan. A cet effet il envoie deux agents, Cavillan et Païva, qui visitent dabord Alexandrie et le Caire. Ils se ren­dent par caravanes à la mer Rouge, lon ne pouvait plus arriver suivant la voie de lancien canal obstrué depuis longtemps. Ils parcourent cette mer et visitent Aden, centre alors dun commerce opulent. I.à, les voya­geurs se séparent; Païva passe en Éthiopie et meurt victime du climat; Ca- viîlan sembarque pour Calicut, à cette époque le plus grand marché de lIndostan. En cet endroit il apprend que les épices les plus précieuses pro­venaient dîles plus reculées vers lorient. Calicut les recevait comme entre­pôt avant quelles parvissent aux ports dArabie et de Mésopotamie, les Vénitiens les achetaient pour les revendre à lEurope. Le hardi voyageur reprend la mer, double lentrée de la mer Rouge et parvient jusquà Sofala. Dans ce port on linforme que le littoral de lAfrique méridionale peut être côtoyé beaucoup plus loin vers loccident. Il revient au Caire et se pré-