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faveur d’un allié tout-puissant, quelle garantisse un revenu sur son Trésor, aux capitalistes qui feront les fonds de cette voie asiatique; et qu’elle garantisse un revenu supérieur au taux moyen qu’on obtient pour les capitaux placés sur les chemins de fer d’Angleterre, C’est un plaisir considérable que la Turquie procure à la Grande-Bretagne, exempte de rien garantir et qui n’aura qu’à recueillir.
Concurrence du canal maritime avec la navigation par le tour de VAfrique.
» En définitive, pour le transport de cette immense quantité de marchandises, échangées maintenant entre l’Europe et les grandes Indes, la voie par l’Égypte ne peut plus redouter qu’une concurrence non pas au nord, mais au midi : c’est la navigation continue par le cap de Bonne-Espérance.
» Ici se présente une question qui, depuis bientôt quatre siècles, influe sur le commerce du monde. Qu’il nous soit permis d’en offrir un très-bref historique, propre à rectifier des opinions erronées sur ce sujet de si haute importance.
» Jusqu’aux derniers jours du XV e siècle, le commerce ne connaissait pas la route de l’Europe à l’Inde en faisant le tour de l’Afrique.
» On passait au nord par Constantinople ou par l’Asie Mineure, par la Mésopotamie et le golfe Persique; au midi par l’Égypte et la mer Rouge. Comment ces diverses directions ont-elles été tout à coup abandonnées ?
» Jean II, roi de Portugal, aspirait vivement à découvrir la voie la plus avantageuse pour communiquer avec les grandes Indes.
» Il avait la pensée d’ouvrir des relations commerciales avec le souverain de l’Asie qu’on appelait le prêtre Jehan. A cet effet il envoie deux agents, Cavillan et Païva, qui visitent d’abord Alexandrie et le Caire. Ils se rendent par caravanes à la mer Rouge, où l’on ne pouvait plus arriver suivant la voie de l’ancien canal obstrué depuis longtemps. Ils parcourent cette mer et visitent Aden, centre alors d’un commerce opulent. I.à, les voyageurs se séparent; Païva passe en Éthiopie et meurt victime du climat; Ca- viîlan s’embarque pour Calicut, à cette époque le plus grand marché de l’Indostan. En cet endroit il apprend que les épices les plus précieuses provenaient d’îles plus reculées vers l’orient. Calicut les recevait comme entrepôt avant qu’elles parvissent aux ports d’Arabie et de Mésopotamie, où les Vénitiens les achetaient pour les revendre à l’Europe. Le hardi voyageur reprend la mer, double l’entrée de la mer Rouge et parvient jusqu’à Sofala. Dans ce port on l’informe que le littoral de l’Afrique méridionale peut être côtoyé beaucoup plus loin vers l’occident. Il revient au Caire et se pré-