(a3)
» Voilà donc le plus riche commerce de l’Asie, confisqué de vive force et détourné de la voie qu’il suivait depuis l’antiquité, par le golfe Persique ou par la mer Rouge; puis par caravanes, jusqu’à la Méditerranée.
» Un autre événement se produisait pour ôter aux navigateurs occidentaux tout désir de commercer avec l’Orient par la Méditerranée.
» Dans la même annéé 1492 où Colomb partait pour les Indes, Isabelle et Ferdinand conquéraient sur les Maures le royaume de Grenade. Bientôt après, les musulmans qui ne voulaient pas se faire chrétiens étaient expulsés d’Espagne. Les exilés qui peuplèrent la côte occidentale d’Afrique, voulant satisfaire leur vengeance, se firent corsaires sur les côtes bar- baresques. Pendant trois siècles, ils ne cessèrent pas d’infester la Méditerranée, jusqu’à la conquête de l’Algérie par les Français.
» Durant ces trois siècles les arts maritimes ont fait les progrès les plus remarquables ; les frêles bâtiments avec lesquels les Portugais risquaient leurs premiers voyages, ont été graduellement remplacés par des navires d’une capacité plus grande, de formes mieux calculées, d’une vitesse combinée avec plus d’art. On est arrivé de la sorte à ces modernes et magnifiques clippeurs, qui réunissent la rapidité de la marche à l’économie des transports.
» Lorsque l’application de la vapeur à la navigation eut été très-perfec- tionnée, on essaya, par la voie du cap de Bonne-Espérance, de mettre la vapeur en concurrence avec la voile.
» Le nouveau moyen fut trouvé trop dispendieux ; une riche compagnie qui l’entreprit fut ruinée, et la voile continua de suivre seule cette voie.
» Mais il n’en fut pas ainsi lorsqu’on appliqua la vapeur au trajet par mer d’une route beaucoup plus courte, et mieux pourvue de points intermédiaires où l’on pût former des dépôts de combustible.
» On établit deux lignes de navires à vapeur afin de communiquer : l’une de l’Angleterre avec Alexandrie, l’autre de Suez avec les grandes Indes. On transporta les voyageurs, les lettres et les métaux précieux, à dos de chameau, entre Alexandrie et Suez.
» Alors on obtintdes communications de 3 o jours, de a 5 jours et même moins, au lieu des 3 à 4 mois qu’exigent les parcours ordinaires par le cap de Bonne-Espérance.
» Mais on n’obtenait d’aussi rapides traversées que par l’emploi des navires pourvus d’une très-grande force motrice, laquelle exigeait une énorme consommation de combustible.