TROISIEME GROTTE.
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demande. Ces avantages compensent en quelque sorte l’infériorité que présentent les travailleurs de notre colonie comme nombre et comme application à ce genre de travaux agricoles, mais à cet égard le progrès est continu depuis vingt ans.
La culture des plantes odoriférantes et l’industrie des essences ont été fondées en Algérie principalement par MM. Simounet, pharmacien à Alger, et Mercurin, agriculteur, à Chéragas, dans le Sahel d’Alger. A peine avait-elle fait preuve de vie, qu’elle dût lutter contre le manque de débouchés, puis contre la concurrence des produits étrangers et qui plus est des similaires de Grasse et de Nice. Il y a une dizaine d’années, la situation du marché occasionnait de si grandes difficultés pour le placement des essences algériennes, que le découragement s’empara des prin- cipnux producteurs qui songeaient à abandonner la partie, lorsqu’un puissant secours leur arriva par l’installation de la grande maison Ant. Chiris, de Grasse, aux environs d’Alger. Non contente de fonder elle-même une grande exploitation agricole des plantes à parfums, elle fit des avances aux colons, remboursables en récoltes, et créait un établissement industriel considérable pour l’extraction des essences. Cette intelligente, initiative a été fructueuse non-seulement pour la maison Chiris, mais encore pour le pays lui-même, parce qu’elle a désormais assuré les débouchés de l’industrie locale. Il serait à souhaiter que cet exemple fut imité par quelques autres des premières maisons du midi de la France. En s’associant ainsi plus intimement à la production algérienne, elles lui réserveraient les spécialités qu’elle peut fournir à meilleur compte, lui procureraient une partie du personnel dont elle a besoin, et trouveraient enfin le moyen de donner une plus vaste extension à cette intéressante industrie des produits de la parfumerie, qui a pris depuis vingt ans un si remarquable développement en France, et à laquelle la fabrication parisienne vient imprimer en dernière main son cachet d’originalité, de luxe et de haute distinction.
Les plantes odorifères que l’on pourrait cultiver en Algérie sont très nombreuses, mais jusqu’à présent on ne s’est occupé que des suivantes :
Le géranium rosat {Pélargonium odoratissimvm , Ait.) réclame surtout des terres profondes, bien meubles, fertiles. Il réussit très bien dans les bonnes terres rouges du Sahel d’Alger provenant de la décomposition de schistes micacés, et dans les terres sableuses et fraîches comme à Staouéli. Les meilleurs produits s'obtiennent sans irrigation, mais dans des terres profondes et fumées, pourvu qu’on les bine et sarcle plusieurs fois. La plante se reproduit de boutures plantées en lignes (50 à 70 e. . sur 20 à 25 c.) au commencement de l’hiver, et qui donnent pendant le cours de l’année trois coupes. Cette culture se maintient pendant trois ans et donne annuellement de 250 à 300 quintaux de feuilles (Staouéli) et jusqu’à 475 quintaux (Boufarik, M. Leroux) par hectare. On coupe