CINQUIEME GROUPE.
140
France. L’industrie européenne s’est également appliquée à imiter les étoffes employées par les Arabes, mais si elle les livre à meilleur marché, il faut convenir qu’ils n’ont pas toujours ni la qualité ni la durée des tissus indigènes. Les toiles dont ils se servent sont généralement de fabrication étrangère, à l’exception d’une toile grossière, mais très-solide, que tissent les Kabyles des districts de Bougie et de Djidjelli, et qu’ils vendent à raison de 5 fr. 50 la pièce de 3 mèt. 50 de long sur 70 cent, de large.
Sous la tente, les femmes filent et tissent la laine des troupeaux pour en confectionner des burnous , des haïks , des freschias ou couvertures, des feridjis ou tissus pour tentes. Ces tissus sont faits en simple chaîne et en simple trame. Tout l’outillage du métier consiste dans deux traverses en bois de 3 à 4 mètres de longueur, que l’on fixe sur des piquets fichés en terre, et sur l’une desquelles est enroulée la chaîne du tissu. Deux roseaux remplacent les deux parties du métier du tisserand européen, dont le mouvement vertical alternatif divise la chaîne et livre passage à la navette. En Algérie, au contraire, on n’emploie pas de navette, ce sont les doigts de la tisseuse qui conduisent le fil de trame ; et, selon le genre de tissu , le battant de nos tisserands est remplacé par une espèce de peigne en fer ou en bois à cinq dents, au moyen duquel les fils de trame sont rapprochés les uns des autres. Les femmes parviennent à un remarquable degré de dextérité dans ce travail, et leurs étoffes le disputent aux tissus ouvrés par la machine pour la régularité, la souplesse et la durée.
Leurs étoffes de laine sont rarement en pièces et reçoivent immédiatement leur destination. Parmi les tissus qui ne sont pas dans ce cas, il faut noter un drap multicolore d’assez belle qualité, et une autre étoffe rayée noir et blanc, dont la fabrication appartient aux M’zabites, qui s’en font des qchabias, espèce de sarreau étroit et sans manches.
Chez les indigènes, l’habillement offre deux types assez tranchés suivant qu’il s’agit de l’habitant des villes ou Maure ou de l’Arabe des tribus.
Les différentes pièces du costume des Maures sont : la chemise en calicot, kamidja, de fabrication française généralement, le large pantalon à plis, seroual, deux gilets bedaïa, sans manches et fermés^ un autre gilet, hebaïa, ouvert et flottant ; une veste, r’lila, coupée à la hauteur de la taille et à manches étroites ; une large ceinture, hazem, en soie, laine ou cachemire. Ces vêtements sont en draps de couleurs sombres pour les jours ordinaires, de couleurs claires et voyantes pour les jours de*fête. Ils sont souvent brodés et soutachés.
La coiffure se compose d’une calotte en laine blanche, cabouz, qui adhère fortement à la tête et par dessus laquelle on en place une seconde plus grande de laine rouge, chéchia , et autour de laquelle on enroule le turban, simple pièce de calicot, ou de mousseline brodée d’or, ou de ca-