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« Voyez, me disait-il, le beau placement ! quarante » millions de revenu pour deux cents millions de capitol! » Cela me ferait 20 % ; mes 2,000 francs me donneraient » 400 francs de rente » ; et déjà mon homme me commençait son compte de Perette !
Je l’engageai à ne pas se presser et à se méfier des dividendes des annonces de chercheurs d’Actionnaires. A l’appui de cette opinion, je lui montrai celles dont une certaine compagnie maritime couvrait, il y a trois ans, la quatrième page de tous les journaux, depuis le Moniteur jusqu’au Charivari, faisant entrevoir à de trop confiants actionnaires, non pas 20 % , mais 40 % de bénéfices, en place desquels ils sont en face de 60 à 70 % de perte, s’ils voulaient réaliser leur capital ! Je promis d’étudier la question, et j’ai pensé ne pouvoir mieux le faire que dans le livre même publié par l’honorable M. Ferdinand de Lesseps, intitulé : Percement de l’Isthme de Suez.
C’est le résultat de cet examen que je crois utile de mettre sous les yeux du public. Je sais autant que tout autre m’enthousiasmer à l’idée de voir accomplir une des plus grandes entreprises de ce siècle, et je sais aussi rendre hommage au génie, à l’énergie et à l’admirable persévérance de son digne fondateur. S’il en avait fait une simple affaire d’utilité publique, j’y aurais apporté mon obole avec bonheur ; mais dès qu’il s’agit de séduire des souscripteurs, en les berçant de l’espoir de gros revenus, je me crois plei-