cent quatre vingt dix neuf gerbes et demie de blé, et qui comptaient sur cette demie pour donner au public l’idée d’un calcul méticuleux et exact ?
Si les calculs de MM. Linant-Bey et Mougel-Bey peuvent être justes, ils peuvent aussi être très erronés, et on peut admettre, sinon la probabilité, au moins la possibilité qu’il faudra 250 à 300 millions, ou bien davantage peut-être, pour rendre le canal de Suez navigable. Or, si les prévisions se trouvaient excédées, ainsi quelles l’ont été dans toutes les entreprises de ce genre, que deviendrait la Société qui se forme au capital de 200 millions? N’est-il pas évident quelle serait absorbée par une nouvelle Société qui viendrait fournir le complément de fonds, comme cela a eu lieu pour le tunnel sous la Tamise, et bien plus récemment pour le Leviathan ? Les premiers Actionnaires pourraient donc perdre tout ou presque tout ; et une éventualité de ce genre semble devoir éloigner de la souscription d’Actions pour le canal de Suez, tous ceux pour lesquels une semblable perte serait sérieuse. C’est essentiellement une entreprise dont les chances ne peuvent être acceptées que par les grosses bourses, dont les propriétaires peuvent, le cas échéant, voir d’un œil sec l’anéantissement de leurs actions et se contenter de la gloire d’avoir contribué à une grande et noble entreprise.
Admettons la parfaite exactitude des devis de MM. Linant-Bey et Mougel-Bey ; supposons que, comme ils le