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à Marseille, il n’est pas difficile de juger qu’il ne passera pas six cents navires à voiles par an par l’Isthme de Suez, et il y a loin de ce chiffre à celui de 6,000 supposé par M. de Lesseps !
Ce n’est, pas ici une supposition gratuite et bien moins une supposition malveillante, c’est le fait d’une simple appréciation de chiffres que tout le monde peut vérifier.
On publie tous les jours le prix courant des frets, et on y lit que le prix du fret de Cardiff pour Àden ( à l’entrée de la Mer Rouge), est de 34 schellings, soit de 45 fr. 50, et que le fret de Cardiff à Suez (à l’autre extrémité de la Mer Rouge ) est de 58 schellings, soit de 72 fr.
Si donc les armateurs exigent 30 fr. de plus de fret pour aller à Suez que pour aller à Aden, comment M. de Lesseps peut-il espérer que ces mêmes armateurs iront remonter la Mer Rouge et passer par le Canal pour gagner 12 fr., même dans le cas où leur navire irait de Bombay à Marseille ?
M. de Lesseps dit (page 244) que les navires qui viennent de Chine et de Java en Europe, doivent invariablement venir à peu de degrés au sud de Ceylan, soit qu’ils veuillent se diriger par le Cap de Bonne-Espérance ou par la Mer Rouge.