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d’assurances ne sont pas proportionnées à la distance, mais au risque, et il faut croire qu’il y en a beaucoup dans la Mer Rouge pour les bâtiments à voiles, puisque les primes'sont de 2 à 4 °/ 0 de plus pour Suez que pour Aden. Les assureurs demanderont ainsi au moins la même prime pour aller de Bombay à Marseille par navire à voile passant par Suez, que passant par le Cap de Bonne-Espérance.
Il faut donc déduire encore ces 9 fr. des 21 fr. et réduire le bénéfice à 12 fr. par tonneau, toujours en partant des calculs de M. de Lesseps, et en ne leur faisant subir que ces rectifications qu’il ne saurait contester. Ce bénéfice déjà si réduit serait encore infiniment moindre et deviendrait même absolument négatif, si le navire, au lieu de partir de Bombay, partait de Java ou de l’Indo-Chine et allait non pas à Marseille, mais dans un port du nord de l’Europe ou des États-Unis. Mais prenons par hypothèse ce chiffre de 12 fr. comme applicable à tous les navires venant de n’importe où, et allant n’importe où, nous aurons 12 fr. x 3,000,000 ton. = 36 millions, et cependant, page 48 du même livre, M. de Lesseps dit que ce bénéfice sera de 150 millions ! Lequel des deux chiffres sera le bon? Je crains bien, hélas ! pour les Actionnaires du Canal de Suez, que le plus petit ne mérite pas plus de confiance que le plus gros; car si, comme il résulte des calculs rectifiés de M. de Lesseps, il n’y a pour un navire à voiles que 12 fr. par tonneau à gagner à aller par Suez plutôt que parle Cap, même partant de Bombay et allant