Il y a deux autres considérations que les Actionnaires prudents ne doivent pas perdre de vue. La première c’est qu’il s’agit d’une affaire Égyptienne, dont le directeur sera nommé par le Gouvernement Égyptien, qui sera soumise aux lois Égyptiennes, et qui peut être singulièrement compromise par des circonstances politiques. Supposez une querelle entre l’Angleterre et l’Egypte, Péluse et Suez seraient ii l’instant même bloqués (1) et si la querelle était légitime de la part de l’Angleterre, il faudrait bien respecter ce blocus en sacrifiant les Actionnaires.
Une autre considération qui semble n’avoir aucunement occupé M. de Lesseps, mais qui mérite d’être signalée à ses petits Actionnaires, qui cherchent des bénéfices plutôt que de la gloire, c’est la question de Douane.
Les droits sur les marchandises importées par Suez seront-ils les mêmes que ceux sur ces mêmes marchandises venant par le cap de Bonne-Espérance ?
Partisan décidé de l’uniformité des droits sans distinction de provenances, je voudrais qu’il en fût ainsi, mais cela suppose un renversement complet du système suivi jusqu’à ce jour, lequel a toujours eu pour objet de faire payer d’autant plus de droits que la marchandise a eu moins de transport maritime à supporter.