LETTRE A LORD STRATFORD. 219
seils que par le concours d’un grand nombre de Français distingués dans les sciences, dans l'administration , dans tous les arts de la paix ou de la guerre, ne cherchera pas à réaliser de ce côté les projets d’une autre époque aussi longtemps que l’Angleterre n’y mettra pas le pied.
Mais qu’il arrive une de ces crises qui ont si souvent ébranlé l’Orient, qu’une circonstance se produise où l’Angleterre se trouve dans la rigoureuse obligation de prendre position en Égypte pour empêcher qu’une autre puissance ne l’y précède, et qu’on nous dise s’il est possible que l’alliance résiste aux complications qu’un pareil événement ferait naître. Et pourquoi l’Angleterre se croirait-elle forcée de se rendre maîtresse de l’Égypte, au risque même de rompre son alliance avec la France? Par cette seule raison que l’Égypte est la route la plus courte, la plus directe de l’Angleterre à ses possessions orientales, que cette route doit lui être constamment ouverte, et qu’en ce qui touche ce puissant intérêt elle ne saurait jamais transiger. Ainsi, par la position que la nature lui a faite, l’Égypte peut encore être le sujet d’un conflit entre la France et la Grande-Bretagne, de telle sorte que cette chance de rupture disparaîtrait si, par un événement providentiel, les conditions géographiques de l’ancien monde étaient changées et que la route des Indes, au lieu de traverser le cœur de l’Égypte, fût