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vieilles antipathies et de compromettre, avec l’alliance, les biens dont elle doit être la source.
Il est en effet un point du globe au libre parcours duquel se lie la puissance politique et commerciale de la Grande-Bretagne, un point dont la France avait, pour sa part, dans les siècles passés, ambitionné la possession. Ce point, c’est l’Egypte, route directe de l’Europe aux Indes, l’Egypte, arrosée à plusieurs reprises du sang français.
Il est superflu d’établir les motifs qui ne permettent pas à l’Angleterre de voir l’Egypte entre les mains d’une nation rivale sans opposer la plus énergique résistance; mais ce dont il faut également tenir grand compte, c’est qu’avec des intérêts moins positifs la France, sous l’empire de ses glorieuses traditions , sous l’impulsion d’autres sentiments plus instinctifs que raisonnés et, par cela même, tout puissants sur l’esprit impressionable de ses habitants, ne saurait, à son tour, laisser à l’Angleterre la paisible domination de l’Egypte. Il est clair que, tant que la route des Indes est ouverte et sûre, que l’état du pays garantit la facilité et la promptitude des communications , l’Angleterre n’ira pas se créer les plus graves difficultés pour s’approprier un territoire qui, à ses yeux, n’a de valeur que comme voie de transit. Il est également évident que la France, dont la politique consiste, depuis cinquante ans, à contribuer à la prospérité de l’Egypte, tant par ses con-