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M. de Lesseps a accordé une aveugle confiance au dire de deux ingénieurs très distingués, au service du Pacha d’Égypte, MM. Linant-Bey et Mougel-Bey, et c’est leur travail et leurs chiffres qui sont devenus les siens. Si donc jamais il arrivait une grande déception pour les Actionnaires, M. de Lesseps leur dirait avec raison, qu’ils pouvaient aussi bien que lui vérifier les dire de Linant-Bey et de Mougel- Bey, qui ont été mis in extenso, sous les yeux du public.
Bien des fois avant M. de Lesseps, il a été question du percement de l’Isthme de Suez, et une des grandes difficultés de l’entreprise a toujours été l’entrée ou la sortie du Canal sur la Méditerranée, du côté de Péluse, vu que la côte y est tellement plate et envasée ou ensablée, qu’il faudra deux jetées de 6,000 mètres au moins (moitié chemin du Havre à Trouville) pour atteindre 7 mètres 50 à 8 mètres de profondeur.
Afin de rassurer le public sur les difficultés d’une si gigantesque construction sous marine et faire taire les doutes sur sa possibilité, MM. Linant-Bey et Mougel-Bey ont écrit k M. de Lesseps, qui le redit au public : « Quant » à la possibilité, elle n’est pas douteuse, car il y a plus » d’un siècle que le gouvernement hollandais a fait con- » struire une jetée de 8,000 mètres dans la baie du Lion, » près du Cap, dans des profondeurs de plus de 16 mètres, » malgré les tempêtes permanentes qui succèdent à des » calmes permanents sous cette latitude. Un pareil ou-