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Lettres sur le percement de l'isthme de Suez avis aux petites bourses / par Frédéric de Coninck
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Mais je suis disposé à faire beau jeu à M. de Lesseps et à supposer que ses six millions de tonneaux de navires dou­blent tous le Cap de Bonne-Espérance !

M. de Lesseps en adjuge la moitié au Canal de Suez. Mais pourquoi cette moitié seulement ?

Sur trois millions de tonneaux, il y aurait, dit-il, cent cinquante millions DE francs de bénéfice à réaliser en pas­sant par le Canal de Suez, plutôt que par le Cap. Com­ment peut-il supposer un seul instant, que le commerce serait assez ennemi de ses intérêts pour ne pas vouloir réaliser le même bénéfice sur lautre moitié ?

De deux choses lune : ou le Canal de Suez présentera pour les navires à voiles, qui de tous les points de lInde et de la Chine vont aujourdhui doubler le Cap de Bonne- Espérance pour se rendre en Europe ou en Amérique, un énornie avantage, lequel est chiffré par M. de Lesseps à 150 millions pour 3,000,000 tonneaux, soit à 50 fr. par tonneau ; et alors tous les navires voudront en profiter : ou bien cet avantage nexistera pas ; auquel cas fort peu de de navires à voiles profiteront du Canal et y paieront tribut.

Lorsquon remplace un gué par un pont, on considère que tout le monde passera sur le pont, et on ne suppose pas quune moitié du public continuera à se déchausser pour avoir le plaisir de se mouiller les pieds.