AVANT-PROJET DU PERCEMENT DE L’ISTHME. 75 jusqu’à 6 mètres au-dessus de la plaine, et, à chaque pas qu’on fait dans l’isthme, on trouve des traees de travaux exécutés anciennement, tant pour le canal que pour les approvisionnements des ouvriers en vivres et en eau potable.
Des efforts si considérables faits dans les temps reculés prouvent assez l’importance de l’entreprise. Cette importance ne fut pas diminuée par la découverte du cap de Bonne-Espérance, car il a fallu tous les efforts des Portugais, après cette découverte, pour arrêter le commerce et la navigation de la mer Rouge. Le souverain du Portugal y envoya une flotte qui détruisit toute la marine marchande des Turcs, des Vénitiens, et plus tard celle que Soliman II avait fait établir dans le port de Suez en 1538.
Si des préjugés de religion ont amené la Porte à défendre l’accès de la mer Rouge aux bâtiments étrangers, comme on le voit par un firman du Grand- Seigneur cité dans l’ouvrage de M. Rooke, officiel- anglais, publié en 1782, on trouve aussi des princes de l’islamisme mieux éclairés sur leurs intérêts, tels que le sultan Moustapha III. Voici ce que dit M. de Tott dans ses Mémoires sur les Turcs (partie III et IV ):
« Sultan Moustapha traita avec un grand inté- » rêt le projet de la jonction des deux mers par » l’istlnne de Suez. Il voulut même ajouter aux » connaissances que j’avais à cet égard celles des