LETTRE A LORD STRATFORD.
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raie, on ne voit guère sur quel terrain et à quelle occasion s’engageraient de nouveau des luttes qui ont si longtemps ensanglanté le monde. Sont-ce les intérêts financiers et commerciaux qui peuvent diviser les deux peuples ? Mais les capitaux de la Grande- Bretagne jetés dans toutes les entreprises de la France et l’immense développement qu’a pris le commerce international établissent entre elles des liens qui, chaque jour, deviennent plus étroits. Sont-ce les intérêts politiques et les questions de principes? Mais les deux nations n’ont plus qu’un même but, qu’une même ambition, le triomphe du droit sur la force, de la civilisation sur la barbarie. Sont-ce enfin de mesquines jalousies pour une extension territoriale? Mais elles reconnaissent aujourd’hui que le globe est assez vaste pour offrir à l’esprit d’entreprise qui anime leurs populations respectives des pays à mettre en valeur, des créatures humaines à tirer de l’état de barbarie, et d’ailleurs, du moment que leurs pavillons flottent ensemble, les conquêtes de l’une profitent à l’activité de l’autre.
Au premier abord on n’aperçoit donc rien dans l’ensemble des choses qui puisse altérer nos bonnes relations avec l’Angleterre.
Cependant, si l’on y regarde de près, une éventualité se présente qui, faisant partager aux cabinets les plus éclairés et les plus modérés les préjugés et les passions populaires, est capable de raviver de