INTRODUCTION.
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pourront être achetés par la colonisation européenne. Celle-ci n’est encore représentée que par une population de près de trois cent mille âmes (1), dont une bonne partie habite les villes et s’y livre au commerce et à l’industrie.
Il est impossible de rendre mieux sensible l’importance des ressources dont, l’Algérie dispose, qu’en montrant l’essor qu’a pris son commerce depuis vingt ans. Dire que de 90 millions en 1850, il aura dépassé en 1872, 300 millions de francs, c’est faire augurer très-favorablement de la vitalité du pays, mais il faut pénétrer davantage dans l’essence des faits pour concevoir des résultats encore plus marquants pour l’avenir. Lorsqu'on effet l’on cherche à se rendre compte des causes qui ont contribué à l’extension du commerce algérien, on est frappé de cette remarque que, si l’exportation a sextuplé depuis 1850, cet accroissement n’est pas dû à un développement proportionnel de la production indigène, mais à ce que les européens ont su tirer un meilleur parti des forces spontanées du pays, puisqu’ils étaient encore trop peu nombreux pour se procurer par eux-mêmes un tel excédant de produits. Ainsi les forêts ont été aménagées et livrent aujourd’hui des matériaux précieux pour l’industrie, auxquels l’indigène n’eut pas songé; les oliviers ont été greffés et leurs récoltes traitées par nos moyens perfectionnés donnent des huiles supérieures en qualité et quantité ; le bétail que l’incurie arabe laissait périodiquement mourir de faim ou de maladies, trouve des soins intéressés chez le colon, pour le mettre en état d’être vendu sur les marchés de l’Europe ; de même pour les moutons dont l’engraissement se fait aussi sur une vaste échelle et dont nous avons dû enseigner aux indigènes à tondre la laine au lieu de l’arracher ; le palmier nain, l’alfa, ces plantes sans valeur appréciable pour l’arabe, sont devenues des sources de richesse par l’initiative de l’industrie européenne, etc., etc. En un mot, si la colonisation n’a pas trouvé un champ assez vaste pour exercer ses facultés créatrices, rien que par la meilleure utilisation qu’elle a su donner aux pro-
(!) D’après le recensement exécuté en Algérie en 1872, la population s’y trouve constituée comme suit :
Français.. .. 129,601
Israélites naturalisés. 34,374
Autres européens. 115,516
Musulmans. 2,134,527
2,414,218
De 1866 à 1872, la population européenne né s'est accrue que de 5,988 individus, qui ne représentent guère «pie l’accroissement par les naissances, tandis que la famine de 1867 et la révolte de 1871 ont fait perdre à l’élément indigène 316,399 indi* viduc»