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PREMIER GROTTE.
régions intérieures, et elle a de plus la ressource du voisinage de la mer, dont l’exploitation est inépuisable et rendue singulièrement facile par l’activité des rayons solaires et par l’absence régulière des pluies, pendant près de cinq mois de l’année. En présence de tels avantages on s’étonne que l’industrie marseillaise n’ait pas encore songé à tirer de notre colonie une partie des sels qu’elle emploie, et à y installer la fabrication de la soude artificielle, pour laquelle on trouvera prochainement un débouché dans le pays même, en vue de la préparation des pâtes chimiques à papier.
La province d’Alger possède plusieurs salines naturelles, notamment à Dellys ; six sources salées très-abondantes, la mine de sel de Djelfa, sur la route de Laghouat, dont la roche contient 94 p. 100 de chlorure de sodium, et celle d’Aïn Hadjera.
Dans la province d’Oran on trouve la célèbre saline d’Arzew constituée par un lac asséchant en été, et dont la situation rapprochée de la mer assure l’exportation à bon marché des produits. Puis la vaste sebkha d’Oran, les mines de sel d’Aïn Temouchent, des Ouled Khelfa, et nombre de sources salées complètent ses richesses salifères.
D’ancienne province de Constantine offre peut-être des dépôts encore plus importants. Indépendamment des 22 lacs salés qui y existent, sur lesquels 6 sont loués par l’administration pour l’extraction du sel, on y rencontre des gisements considérables à l’état de roches. A 5 lieues à l’ouest de Milah, chez les Ouled Ivebab, se trouve une mine très riche, exploitée par les indigènes, qui en retirent annuellement pour plus de 150,000 fr. d’un sel blanc, gris et rouge, contenant 95.8 à 97. 8 de chlorure de sodium. Près d’Outaïa, entre Batna et Biskra, dans le djebel Oliarribou, au milieu d’une nature affreusement bouleversée, et portant les traces d’un soulèvement intérieur, s’élèvent des escarpements verticaux de 10 à 40 mètres de hauteur, formés entièrement de sel gemme, dont les arabes se contentent d’exploiter les blocs qui s’en détachent na- iurellement par l’effet des pluies. Suivant une analyse faite en 1844, il renfermerait 90. 2 p. 100 de sel pur, et 2.8 p. 100 de plâtre. Ce sel est si agréable au goût qu’on rapporte que le chiite Obaïd Allah, le fondateur de la dynastie des Fatimites, l’avait réservé pour son usage personnel ; il paraît que sa réputation s’est conservée, car M. Tille, indique qu’il s’échange à poids égal avec les dattes sur les marchés du Zab. D’autres mines de sel gemme moins connues se trouvent encore dans cette province.
Les pyrites, plusieurs gîtes alunifères, pourront donner lieu à l’extrac- traction d’acide sulfurique, d’alun et de produits chimiques divers. On n’a encore exploité jusqu’à présent que le sulfate de soude au chott Til- silt, entre Batna et Biskra, où M. Rouennet'a découvert que ce produit pouvait se former naturellement par double décomposition entre le sulfate de magnésie et le chlorure de sodium, pendant les froids de l’hiver.