MÉMOIRE AU VICE-ROI. 4!>
Que l’on établisse sur un autre point de l’empire ottoman une position semblable et encore plus importante, que l’on fasse de l’Egypte le passage du commerce du monde par le percement de l’isthme de Suez, l’on créera en Orient une double situation inébranlable; car, pour ce qui concerne le nouveau passage, les grandes puissances européennes, par la crainte de voir l’une d’elles s’en emparer un jour, regarderont comme une question vitale la nécessité d’en garantir la neutralité.
M. Lepère demandait, il y a cinquante ans, 10,000 ouvriers, quatre années de travail et 30 à 40 millions de francs, pour l’exécution du canal de Suez; il concluait à la possibilité du percement direct de l’istlnnc vers la Méditerranée.
M. Paulin Talabot, l’un des trois célèbres ingénieurs choisis, il y a dix ans, par la société d’étude du canal des deux mers 1 , avait adopté la voie indirecte d’Alexandrie à Suez, en profitant du barrage pour la traversée du Nil. Il évaluait la dépense totale à 130 millions pour le canal et à 20 millions pour le port et la rade de Suez.
M. Linant-Bey, qui depuis trente années dirige avec habileté des travaux de canalisation en Egypte, qui a fait sur les lieux de la question du canal des deux mers l’étude de toute sa vie, et dont l’opinion
' Les deux autres étaient, M. Steplienson pour l’Angleterre, et M. Negrclli pour l'Autriche.