EXTRAIT DU MONITEUR.
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cc prodigieux obstacle, qui l’effraie sans le décourager : « Le maintien d’une telle profondeur présente des difficultés qui n’ont jamais été surmontées ni même abordées. » Il est vrai que l’on comptait d’abord, pour risquer le passage du fleuve, sur le concours du barrage; mais ce barrage ne doit fonctionner, dans les basses eaux, que pendant quatre ou cinq mois de l’année, à l’époque où l’on irrigue les terres pour préparer les cultures d’été. La retenue du Nil ne sera jamais, à son maximum, de plus de 4 mètres à 4 ra ,50, ce qui est loin de 8 mètres. Au-dessus du barrage, au point où traverseront les navires, la largeur est de 2,000 mètres; et si l’on y creuse un chenal transversal, comment empêcher qu’il ne se remplisse par les alluvions et le limon? Pendant la crue, comment s’y prendra-t-on pour faire traverser un courant de 5 milles à l’heure à des bâtiments à voiles, contre le vent qui souffle de l’est et du sud?
Contre ce formidable obstacle de la traversée, qu’on ne peut éviter, on imagine un expédient non moins étonnant et plus impraticable encore. On laisse de côté le barrage, dont l’emploi est trop chanceux, et l’on franchit le Nil sur un pont- canal. Mais se fait-on bien une idée d’un canal profond de 8 mètres, franchissant un fleuve comme est le Nil au-dessus du barrage? Dans les calculs mômes de ceux qui proposent de pareils projets, il