EXTRAIT DU MONITEUR.
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de prolonger la jetée du canal jusqu’à cette distance, parce que les eaux ne sont qu’une fange liquide et que des nuages terreux s’opposent à la marche des vaisseaux et à la solidité des travaux.
C’est là une erreur complète.
Parce qu’Hérodote avait dit que le Delta est un présent du Nil, on a répété son assertion inexacte sans la vérifier, et sa métaphore a passé pour une vérité incontestable. Mais un fait bien certain et qu’il suffit de demander à tous ceux qui sont allés à Péluse, c’est que l’eau y est aussi limpide qu’à Alexandrie ou à Jaffa. Les bancs de vase voyageuse qu’avait vus l’amiral Sydney Smith ne sont pas plus réels que le présent du Nil, et, depuis vingt ans que ces côtes sont parcourues en tous sens par les bateaux à vapeur, personne n’a retrouvé ces bancs fangeux. Ce qui est vrai, c’est que les eaux du Nil, qui, à l’époque de l’inondation, se distinguent à plus de dix lieues en mer, entraînent au loin dans la Méditerranée et déposent dans ses profondeurs les masses limoneuses qu’elles tiennent en suspension ( 1 / 800 ' à peu près) et qui ne reparaissent sur les côtes qu’en quantité imperceptible ; ce qui est vrai, c’est qu’on peut prendre une poignée de sable au bord de la mer, à Péluse, sans y trouver la moindre parcelle de boue. Les ingénieurs du vice-roi ont constaté que la côte, depuis El-Arisch jusqu’à Tripoli, est de sable pur, et les sondages faits le long