124 LA GRANDE-BRETAGNE ET LES COLONIES ANGLAISES.
l’Amérique du Nord, les fabriques de machines en Angleterre sont entre les mains de puissantes sociétés dirigées par des ingénieurs de premier mérite; leurs ateliers sont organisés comme ceux de la grande industrie métallurgique; ils sont immenses, et renferment des milliers d'ouvriers habiles; ils sont munis des machines-outils les plus perfectionnées, possèdent de puissants marteaux à vapeur et toutes les ressources mécaniques que la science et la pratique ont mises à la disposition de l’homme pour le travail facile des métaux les plus durs. — On y pratique la division du travail comme dans les usines les mieux montées de Manchester ou de Birmingham : on y poursuit sans relâche le progrès ; on ne s’arrête jamais, on ne se repose pas. Les Ransomes, les Iloward, les Clayton, les Garrett, les Smith, les Hornsby, les Richmond, etc., étaient déjà connus au commencement de ce siècle ; leurs débuts ont été modestes, mais chaque année, depuis plus de 30 ans, a vu grandir leur renommée et l’importance de leur fabrication. Ils étaient arrivés à constituer de grandes maisons, et cependant ils sont toujours à l’œuvre comme au premier jour ; on les retrouve chaque année, fidèles à leur vieille tradition et présents à toutes les luttes pacifiques qui s’ouvrent sur un point quelconque du monde ; ce sont les mêmes machines qui sont exhibées, mais chaque fois on peut y signaler quelque perfectionnement nouveau ; c’est toujours le même esprit, la même âme qui dirige l’usine, celle-ci ne change jamais, ni de nom, ni de caractères. Les fils succèdent aux pères, les petits-fils aux fils, sans qu’on s’en aperçoive; les générations passent, mais la tradition, la bonne tradition reste, conservant chez les enfants les vertus des pères, leur amour pour la famille, leur ardeur pour le travail et leur zèle pour le progrès. Chaque maison est comme une ruche dans laquelle tous les efforts convergent vers un but commun : accroître la prospérité de l’usine et conserver intacte sa bonne réputation ; quand la ruche est trop pleine, que les affaires prennent de très-grandes proportions, un ou plusieurs enfants vont à l’étranger ou dans les colonies fonder, non pas un établissement rival, mais une succursale qui conservera au loin les idées et les mœurs de la maison mère.