ÉTAT DE L’OUTILLAGE AGRICOLE.
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pas de ferme dans l’Amérique du Nord, qui ne possède et la moissonneuse et la faucheuse.
Les machines de Mac-Cormick et de Wood avaient franchi l’Atlantique, la première dès 1852 et la seconde quelques années plus tard; mais leur propagation se ut lentement dans le vieux monde. L’Angleterre fut la première à s’en servir. En France, ce n’est que depuis peu d’années qu’elles sont véritablement entrées dans la pratique des fermes. Tant que l’hectare de pré à faucher ne coûtait qu’une dizaine de francs, que l’hectare de froment était moissonné à raison de 20 à 25 francs, personne, à quelques rares exceptions près, ne voulait entendre parler de ces machines; celles-ci étaient encore une sorte d’épouvantail pour les ouvriers. Les agriculteurs craignaient les représailles et soutenaient à peu près tous, que ces appareils, qui pourtant fonctionnaient par centaines de mille aux États-Unis, n’étaient pas pratiques, qu’ils avaient besoin de perfectionnements ; on aurait voulu qu’ils marchassent tout seuls 1 Mais, depuis que les conditions se sont modifiées par la difficulté de trouver les bras nécessaires pour faire toutes les moissons et le prix excessif réclamé par les faucheurs, on les a trouvées excellentes! Dès lors, le progrès n’a fait que s’accentuer davantage. Les entrepôts avaient peine, l’an dernier, à répondre aux demandes, et nous avons pu voir, au moment de la dernière moisson, ces machines faire prime dans le département de Meurthe-et- Moselle.
De toutes parts, la moissonneuse et la faucheuse entrent de plus en plus dans la pratique et on peut certainement évaluer à plus de 3,000 le nombre de celles qui fonctionnent dans les onze départements du Nord-Est seulement.
La machine à battre, qu’un autre Écossais, Meckle, a inventée, en 1779, a suivi les mêmes phases, et le son monotone du fléau a cessé peu à peu de se faire entendre dans les campagnes.
L’agriculture ne mérite donc pas tous les reproches qu’on lui adresse, le progrès agricole est, comme dans l’industrie, la conséquence du besoin; il se développe exactement de la même manière et en vertu des mêmes causes. Nous ne nions pas toutefois qu’avec la