12 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES,
parce que la nécessité est lente à se produire, parce qu’on n’y prévoit pas, à quelques rares exceptions qui passent inaperçues, les besoins de l’avenir. On obéit aux nécessités, quand elles sont tellement pressantes qu’on ne peut reculer plus longtemps. L’histoire de la machine à moissonner nous en offre la preuve la plus manifeste. Le révérend Patrick Bell, dans une ferme située au fond de l’Écosse, avait, dès 1826, inventé une machine à moissonner. Cet instrument, expérimenté dans les environs de Forfar, avait donné de bons résultats. Ce n’était pas l’antique et informe appareil employé par les Gaulois, c’était une machine bien conçue mécaniquement et susceptible de rapides perfectionnements, puisque c’est sur elle que se sont modelés, en quelque sorte, tous les types de moissonneuses de notre époque. Elle n’avait de commun avec la machine de nos ancêtres que le mode d’application delà force : les animaux poussaient devant eux. Cependant cette machine ne se répandit pas; elle tomba dans l’oubli jusqu’en 1851. Pendant ce temps la colonisation des États-Unis marchait à grands pas par suite de l’émigration de l’Irlande. Les colons commençaient à refluer vers les immenses plaines que baignent le Missouri et le Mississipi, et s’avançaient dans les prairies du Grand-Ouest, une contrée fertile, apte à la grande culture des céréales et admirablement située pour l’écoulement de ses produits par les voies fluviales et les lacs du Nord. Les défrichements s’y firent de toutes parts. Mais ce n’est pas tout de semer, il faut récolter; il faut surtout pouvoir moissonner avant que les pluies et les tempêtes, parties des montagnes Rocheuses, viennent compromettre les récoltes. Il était donc indispensable d’avoir des procédés expéditifs ; la population ne suffisant plus au travail, Mac-Cormick eut un éclair de génie et, n’ayant, paraît-il, aucune connaissance des essais de Patrick Bell, inventa sa machine à moissonner. Cette fois, la découverte causa une très-vive sensation dans le monde agricole, parce qu’elle arrivait à l’heure convenable. Bientôt Wood fabriquait son admirable faucheuse. Des milliers de moissonneuses se répandirent immédiatement aux États-Unis. La guerre de Sécession, en enlevant aux champs tous les bras, fit le reste. Aujourd’hui il n’est presque