PROGRÈS AGRICOLES. 71
d’œuvre est rare et d’un prix élevé. Le système logique de culture consiste à faire prédominer l’agent de production le plus abondant, c’est-à-dire celui qui coûte le moins, la terre, et à réduire le plus possible l’emploi de ceux qui coûtent le plus, le capital et la main-d’œuvre. Ce sont là les conditions que réalise la culture extensive, aussi est-ce elle que nous trouvons généralisée aux États- Unis. C’est la seule qui soit rationnelle, qui puisse y être avantageuse. Faire autrement, serait faire de mauvaise agriculture. Voilà pourquoi Washington a pu écrire à sir John Sinclair que les procédés de l’agriculture anglaise ne pouvaient convenir aux colons américains précisément parce qu’ils étaient perfectionnés.
L’histoire nous enseigne, en effet, que les émigrants d’un État riche et bien cultivé, qui ont voulu transporter les systèmes, le bétail et les cultures de 1a, mère-patrie dans les contrées peu habitées et naissant à la vie publique, ont toujours échoué. L'heure n’est pas encore venue pour les États-Unis de faire de l’agriculture intensive ; celle-ci serait en ce moment la négation du véritable progrès.
Les produits de cette culture extensive aux États-Unis ont atteint, en 1870, une valeur de 2,448 millions de dollars (environ 12,240 millions de francs) en grains, paille, fourrages, coton, tabac,y compris la nourriture des bestiaux. La valeur des animaux abattus ou vendus pour êlre abattus s’est élevée, dans le même temps, à 2 milliards de francs; en défalquant la valeur des fourrages consommés par les animaux de travail, on peut estimer que la production réelle des États-Unis, en denrées agricoles, ne doit pas s’éloigner beaucoup de 12 à 13 milliards de francs (1). C’est 4,800 fr. par ferme et par hectare 76 fr. Le produit serait de 150 fr. par hectare si nous ne comptions que les 75 millions d’hectares cultivés, en négligeant les parcours, les friches que la charrue n’a pas encore attaqués; mais comme ces terrains produisent du bétail, on peut évaluer à 120 fr. par hectare la part qui revient réellement à la culture arable et à67 fr. le produit total, frais de main-d’œuvre déduits, pour un ca-
(1) En dehors de cette production,
la culture potagère a fourni.. 340 millions de francs de produit.
L’exploitation des bois. 184 —
Les manufactures . . 117 —