PROGRÈS AGRICOLES. 93

ferme de Romford, à peu de distance de Londres, une véritable manufacture dherbes, en utilisant les remarquables aptitudes de cette plante pour lassimilation, quand on la soumet à la pratique de larrosage.

Les rendements réputés les plus considérables, dans les prairies ordinaires, ont été dépassés de beaucoup. Avec les eaux dégout de Milan, employées à larges doses et sous le soleil de lItalie, les mar­ches ou prés naturels, fournissent en moyenne 00,000 kil. de four­rage vert par an, et se louent 500 francs, par hectare : sur les bords de la Tamise, avec latmosphère brumeuse de lAngleterre, sous son ciel pluvieux et avec les eaux très-diluées des égouts de Londres, M. W. Hope est arrivé à obtenir un rendement de 200,000 kil. de ray-grass vert par hectare, il espère même dépasser ce chiffre et parvenir à une production de 250,000 kil. Plus au Nord, à Edim­bourg (Écosse) avec des sables de mer naguère'infertiles, et un climat rigoureux, on a créé des herbages de ray-grass, qui arrosés avec les eaux des égouts de la ville donnent 175,000 kil. de fourrage vert à lhectare et qui sont affermés 2,220 francs en moyenne par hectare et par an !...

LAngleterre se montre pour ce qui regarde lemploi des en­grais solides et liquides produits dans les villes, la plus empressée des nations civilisées. Depuis de longues années, le gouvernement, le parlement et les particuliers sen occupent, et déjà bien des villes ont commencé à utiliser leurs eaux dégout au grand avantage de la production agricole, et de la salubrité publique. Au train dont vont les choses de lautre côté du détroit, on peut assurer quavant peu il ne se perdra aucune parcelle des matières fertilisantes, qui aujourdhui sont une cause dinsalubrité et dencombrement pour les populations urbaines. Paris a entrepris une œuvre semblable, il lui appartient de la compléter, de lachever et de donner le bon exemple aux autres cités, déjà Reims entre dans la même voie.

Non-seulement la Grande-Bretagne cherche à tirer parti de ces engrais et des résidus de ses fabriques, elle reçoit encore du dehors dénormes quantités de substances qui viennent laider à accroître ses fumures.