128 LA GRANDE-BRETAGNE ET LES COLONIES ANGLAISES, tance de la nation dn produit d’une seule plante, la pomme de terre. Les effets s’en faisaient déjà sentir avant la fatale maladie qui a amené l’exode; la population qui jusque vers 1838 s’était accrue à raison de 1,3 p. 100 par an ne présentait plus, dans les années suivantes, qu’une augmentation de 0,3 p. 100. En 1840, l’Irlande était arrivée à avoir 8,173,000 âmes, mais, à partir de là, quelle décadence et quel désastre! la diminution de la population a marché à raison de 2 p. 100 par an. Bientôt l’émigration s’en est mêlée et est venue activer le mouvement commencé par la famine; de 1830 à 1871, ce pays a envoyé aux deux Nouveaux Mondes 2,100,000 individus. Toutes ces causes réunies font que la population de l’Irlande, pendant les dix dernières années, a diminué à raison de 0,69 p. 100 par an; elle était réduite en 1871 à 3,411,000 âmes. C’est en faisant prévaloir un bon système de culture, en émancipant la propriété et en la dégageant des servitudes qui l’étreignent, que le gouvernement britannique lutte contre cet effroyable mouvement ou plutôt cherche à porter remède au mal.
Si on analyse la distribution de la population dans le Royaume- Uni, on constate qu’il s’y est produit des faits exactement analogues à ceux qui ont été constatés chez nous. Les villes grandissent démesurément et les bourgs deviennent des cités populeuses. L’industrie, d’autre part, attire à elle, par l’appât bien souvent décevant des gros salaires, la partie la plus robuste de la population rurale; les campagnes sont abandonnées et les travaux des champs délaissés.
Déjà en 1861 la statistique avait constaté que le nombre de per- , sonnes attachées à la profession agricole avait diminué de 2 p. 100 depuis 1831. Celte décroissance, loin de se ralentir, a encore augmenté dans les 12 années qui viennent de s’écouler : aujourd’hui la population agricole du Royaume-Uni est de 3,146,000 individus, correspondant à 10 p. 100 de la population totale; tandis que les professions commerciales y comptent pour 30 p. 100 au moins. De 1830 à 1861, cette dernière classe d’individus a gagné 6 p. 100 sur le chiffre de la population en bloc de la Grande-Bretagne, c’est l’Angleterre, pays de Galles compris, qui présente relativement le moins d’individus engagés dans la profession agricole ; ceux-ci consti-