PRODUCTION DU SOL. 137

Toutes les cultures qui demandent de la main-dœuvre sont en diminution ; ainsi celle du lin, pour le développement de laquelle le gouvernement a donné les plus grands encouragements et qui était arrivée en 1866 à occuper 108,000 hectares, ne sétend plus aujour­dhui que sur 63,500 hectares : en Angleterre, cette culture est devenue insignifiante puisquelle ny compte plus que 6 à 7,000 hec­tares.

Nayant plus de jachère à supprimer, nayant plus de terrain à conquérir sur la lande, resserrés de toutes parts, les agriculteurs du Royaume-Uni ont demandé à la profondeur ce que la superficie ne pouvait plus leur donner : ils ont par le drainage, par les défon- cements énergiques, par lemploi des engrais du commerce ajoutés aux fumiers de ferme, augmenté de moitié et dans certains cas doublé lépaisseur de la couche arable. Avec plus despace pour se développer, plus de matière première à leur disposition, les végé­taux ont été à même de puiser plus abondamment dans le grand réservoir des forces naturelles; la production sen est accrue. Le résultat a été le même que si la surface cultivée avait été en réalité agrandie : lAngleterre doit de la sorte, au sens pratique de ses cul­tivateurs, davoir pour ainsi dire étendu son territoire de plusieurs millions dhectares. Elle a payé pour cela, indépendamment du travail de ses enfants, quelques centaines de millions à létranger pour ses achats de guano, de phosphate, de nitrate de soude, etc., mais, à coup sûr, jamais elle na fait de conquête plus avantageuse; conquête de la science, conquête de la civilisation, qui na coûté ni une goutte de sang, ni une larme de douleur!...

Daprès Mac Culloch, laugmentation de rendement obtenue dans la culture du blé de 1770 à 1845 aurait été de 14 p. 100. Depuis celle dernière époque, il na pas fallu plus de 30 ans pour réaliser une amélioration presque égale, ce remarquable résultat est au per­fectionnement de loutillage et de la pratique éclairée et stimulée par les travaux de MM. Dumas, Chevreul, Boussingault, Payen, Liebig, Stœckhard, Gilbert, Thomas Way, Lawes, etc., dont les grandes découvertes peuvent être considérées comme le point de départ de la renaissance de lart agricole.