PRODUCTIONS AGRICOLES ET MACHINES.
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système complet d’enseignement à tous les degrés, fortement organisé et largement doté, comme celui qui, pour les arts de la guerre, forme aussi bien l’état-major que l’officier, le sous-officier et le soldat. Tous les peuples qui ont fait de rapides progrès en agriculture doivent leurs succès à une pareille organisation, et surtout au développement de l’enseignement supérieur. L’Angleterre elle-même ne fait pas exception, comme on paraît le croire ; nous avons dit ce que les Allemands, les Autrichiens et les Hongrois ont fait, et quant aux États-Unis, l’acte du 2 juillet 1862 a permis à ce pays de doter chacun de ses Étals d’établissements de haut enseignement agricole, organisés sur la plus large échelle (1). L’agriculture doit à la France, se doit à elle-même de redoubler d’efforts pour redonner au pays force et prospérité; elle nourrit aujourd’hui 36 millons d’hommes, elle dispose de ressources et d’un climat qui lui permettraient d’en nourrir aisément le double. Que tel soit son but et que toujours elle se souvienne qu’il y a recul pour celui qui se repose quand tout le monde marche autour de lui.
(1) C’est à la fin de l’effroyable guerre civile qui a coûté aux États-Unis plus de 30 milliards, que le Congrès de Washington a senti le besoin de donner une vive impulsion à l’agriculture et a compris que le meilleur moyen d’y parvenir était de développer et de répandre l’instruction professionnelle ; n’ayant point d’argent, il a décidé par l’acte du 2 juillet 1862 qu’il serait accordé sur les domaines nationaux une dotation immobilière de 15,000 hectares par 100,000 âmes de population aux États qui feraient les frais de premier établissement d’instituts agronomiques. Tous les États à l’envi ont mis à profit cette disposition libérale. Une surface grande comme la France était déjà distribuée en 1870, et plus de 30 millions de francs avaient été consacrés par les divers États de l’Union à la fondation des Écoles d’agriculture, dont l’existence et les développements sont assurés par la dotation de l’État, qui est inaliénable, et dont les revenus iront croissant .