54
DEUXIEME GROUPE.
annuellement dans de bonnes conditions de culture ; elles produisent donc leur tige à un taux assez bas, mais leur traitement industriel pour en extraire la filasse est malheureusement très-difficile et coûteux, ce (pii explique le prix de revient, et par suite de vente, assez élevé de ce textile, qui s’oppose à son adoption générale. L’exploitation de ces plantes est donc subordonnée à la découverte d’un mode de traitement mécanique et chimique facilitant l’extraction de leurs fibres. Ce résultat obtenu, l’Algérie pourra leur consacrer quelques-unes de ces terres les plus riches et les plus profondes, où ces plantes avec le concours de l’irrigation se développent d’une manière tout à fait luxuriante.
Les chanvres sont aussi d’excellents utilisateurs de la fertilité en excès des alluvions fluviales. L’Algérie n’a pas trop de terres de cette nature pour entreprendre un peu en grand cette production, qui trouve du reste un milieu plus propice et s’y adonnant depuis longtemps, soit en Italie, soit en France même. A coté du chanvre ordinaire ( Cannabis sativa) et du chanvre du Piémont, il faut signaler le chanvre géant de la Chine (C. Sinens/s ), dont le développement est tout à fait gigantesque, mais qui procède, on ne doit pas l’oublier, d’un pays où il ne trouve pas seulement une forte chaleur estivale, mais des pluies d’orage extrêmement abondantes. On a évalué son rendement à l’hectare à 15 ou 16 quintaux de filasse d’une longueur et d’une force supérieures.
On citera encore, Fagave d’Amérique, Agave Arnericana, qui est très- répandue en Algérie, pour former des haies dont ses grandes feuilles armées défendent l’approche, et qui contient de nombreux filaments perdus dans une masse de parenchyme au suc visqueux et alcalin, employé quelquefois pour ses propriétés saponifères. Il a été avancé que chaque pied peut donner tous les deux ans 250 grammes de filaments blancs, un peu secs, mais très-solides. L’agave fétide, Fourcroya gigantea , dont les proportions magnifiques excitent l’admiration des nouveaux venus dans la colonie, donne le fil dépité, si estimé dans l’Amérique méridionale, pour tous les ustensiles de pêche, par sa résistance remarquable à l’humidité.
Le bananier, Musa sapientum et paradisiaca, dont l’énorme tige herbacée renferme des fibres de grosseur variable, mais très-fortes, applicables à la corderie. La culture de ces plantes s’étendant aux environs des grandes villes pour la vente et l’exportation de leurs fruits, il y aurait.lieu de tirer parti des tiges pour leurs fibres, et, en les traitant mécaniquement par une pression préalable, on pourrait utiliser également leur suc si riche en tannin et en sels potassiques.
La sansevière, Sanseviera Guineensis, dont les fibres sont fines, résistantes et d’une facile extraction.
La corète textile, Corchorus textilis , qui croît avec vigueur dans les sols limpides, On en obtient par hectare, de 20 à 22 quintaux de filasse de