ÉTAT DE L’OUTILLAGE AGRICOLE. 3
sur l’animal de trait ou sur le moteur inanimé le rude labeur, les efforts toujours pénibles, souvent dangereux que doivent faire les moissonneurs, les faucheurs, les batteurs, etc., etc.; elle assigne à l’homme son véritable rôle, celui de la direction, celui de l’intelligence ; elle permet enfin de mieux rétribuer l’ouvrier, d’accroître son bien-être en donnant la possibilité de lui faire faire la besogne de deux ou trois hommes et plus dans le même temps, de mieux soigner les cultures, grâce à ce gain de force disponible, de produire ainsi davantage et plus économiquement. Son adoption est donc à la fois une œuvre de progrès et une œuvre d’humanité.
L’agriculture, a-t-on coutume de dire, est arriérée, elle est loin d’avoir suivi la marche de l’industrie. Celle-ci, en effet, appelant la science à son aide, est parvenue à vaincre, autrement que l’agriculture, les difficultés qui résultaient de l’insuffisance delà main- d’œuvre et des matières premières et entravaient son développement : elle a créé ces merveilleuses machines qui remplissent les galeries de chaque exposition universelle et causent l’étonnement du monde. Le génie de Whitworth lui a fourni ces outils, si petits et si puissants cependant, qui permettent de raboter le fer avec autant de facilité que le bois. Arkwright l’a dotée du métier mécanique, à l’aide duquel l’Angleterre arrive à fabriquer une quantité de fil qui exigerait, pour être fait à la main, 100 millions de fileuses expérimentées. Un Américain est parvenu à imaginer la machine à coudre avec laquelle une femme fait 640 points à la minute, alors que la couturière la plus habile peut à peine en faire 23. La machine de Tailbouis est capable, guidée par une seule ouvrière, d’exécuter le travail de 6,000 tricoteuses à la main. Nous pourrions multiplier ces exemples en signalant les prodiges réalisés par les découvertes de Jacquard et de tant d’autres inventeurs qui ont illustré la France I
L’industrie manufacturière a réussi à centupler, et bien au delà, la puissance productive de l’homme; chaque année, la masse des matières premières qui traversent ses usines, s’accroît par l’activité fiévreuse de l’homme à rechercher, dans les entrailles de la terre et à la surface du globe, tout ce qui peut satisfaire