ÉTAT DE LOUTILLAGE AGRICOLE. o

est dobtenir, soit par la vapeur, soit à laide de la force développée par la chute dun poids deau, ou par tout autre moyen, une quantité de force déterminée. Quil sagisse délever un marteau-pilon de 50,000 kilog. pour marteler une masse de fer ou de faire fonction­ner un outil en acier sur un arbre de couche à roder, le problème à résoudre est toujours davoir des matières premières à manipuler et du charbon à brûler; or, il est dans la puissance de lhomme de pouvoir augmenter lun et lautre.

Dans la production des denrées agricoles, les conditions sont bien différentes; lhomme nest plus le maître absolu des forces en jeu; son travail ne compte que pour une très-minime valeur dans la fabrication dun sac de blé, dun kilogramme de viande ou dune balle de laine.

Pour faire du grain ou du fourrage, quel est en effet le rôle du cultivateur? Il labopre son terrain, il lameublit, il le fume, il len­semence, finit sa tâche; mais loin que tout soit terminé à ce mo­ment, commence le travail des agents naturels : cest par laction de ces forces que le carbone, lazote, leau et les matières miné­rales de latmosphère et du sol, se fixent dans les plantes, forment des tissus vivants et dans ces tissus, la fécule et le gluten de nos céréales, lhuile de nos végétaux oléagineux, le sucre de nos bet­teraves, la fiiasse de nos plantes textiles, le principe colorant de la garance et du safran, lalcool et le bouquet de nos vins, etc. Quand la matière utile a été fabriquée ainsi, lhomme reprend lœuvre achevée ; il lenlève des champs et na plus quà la pré­parer pour les besoins de lalimentation publique ou de lindus­trie. Pour sa part, il a, dans cette fabrication, dépensé bien peu de force ; on peut lévaluer, pour la culture du blé, à 30 ou 35 journées de cheval attelé par hectare. Son travail ne dépasse pas celui de li chevaux-vapeur pendant 24 heures. Quelle a été, au contraire, la dépense de force effectuée par la nature pour faire ce même blé ? les découvertes de la physique moderne nous permettent de nous en faire une idée assez exacte et de la calculer. Elle est énorme ! Elle s'élève, pour une récolte moyenne, à celle que produiraient 2,600 chevaux-vapeur travaillant pendant 24 heures ou à 7,800 journées