G4 ÉTATS-UNIS.
nombre de ces hommes ardents, entiers dans leurs convictions et qui, sentant le besoin d’établir la liberté sur les bases les plus larges, voulaient convertir les maximes générales de la liberté religieuse et politique qu’on admettait dans la théorie, en vérités pratiques au moyen d’institutions adéquates. Ils n’admirent dans leur nouvelle patrie aucune des entraves que la Cour et l’Église cherchaient à imposer à leurs concitoyens de la mère-patrie, telles que servitudes féodales, ordres privilégiés, corporations, etc.
Ce ne furent donc pas de simples chercheurs d’or, des aventuriers avides de richesses, des rebuts de la société anglaise qui jetèrent les premiers fondements de la colonie américaine; ce furent des hommes austères, soutenus par une foi civile et religieuse robuste, de rigoureux puritains, des hommes bien considérés et dans une bonne position sociale, qui, s’arrachant aux douceurs d’une existence large et assurée, vinrent, pour le triomphe d’une idée, pour obéir à un besoin purement intellectuel, s’exposer à toutes les rigueurs de l’expatriation. La société leur paraissait corrompue et asservie, ils l’abandonnèrent pour en créer une nouvelle d’après leurs idées. Durs, laborieux, aimant la vraie liberté par-dessus tout et sachant la respecter chez leurs semblables, essentiellement pacifiques, ne poursuivant que le triomphe du vrai et du juste, ils s’attachèrent à la culture du sol, le défrichèrent, s’organisèrent entre eux, se donnèrent une constitution en conformité avec leurs doctrines. Les premiers établissements où ils s’étaient groupés pour l’exercice de leur culte et où les mœurs patriarcales, avec la pratique d’une religion sévère, régnaient en souveraines, se développèrent rapidement. Leur trop-plein donna naissance à de nouveaux centres ; ceux-ci se multiplièrent à leur tour et constituèrent d’autres établissements. C’étaient comme des essaims s’échappant continuellement de la ruche-mère pour aller se fixer ailleurs sans jamais trop s’éloigner du centre ni perdre les traditions des premiers jours I L’esprit puritain et indépendant se conserva religieusement et les institutions se modelèrent partout sur les idées politiques et religieuses des premiers colons. La métropole n'y prit pas garde, elle avait bien autre chose à faire à cette