PROGRES AGRICOLES. 67
core ; ce ne fut plus seulement la liberté dans ses mouvements qui lui fut refusée, elle eut à subir pour son existence, toutes sortes d’épreuves plus rudes les unes que les autres. Ses nouveaux possesseurs, s’acharnant à étouffer tout germe d’émancipation en elle, mirent tout en œuvre pendant 50 ans, pour dégoûter la race énergique qui avait ûni par s’y créer de solides établissements, par y conquérir le sol, et y avait fondé l’influence du génie français. On voulait à tout prix annihiler cette influence et faire disparaître, au profit de l’élément saxon, les familles françaises, leur religion et leur langage !... Vains eflorts cependant, et ce qui prouve la vitalité de notre race et les ressources qu’elle offrirait pour la colonisation si on la laissait libre dans son essor, le Canada français a lassé ses ennemis, il a pris le dessus, conservé sa langue, ses mœurs et est devenu une colonie prospère.
Mais gêné comme il l’a été à ses débuts et pendant son évolution jusqu’au milieu de ce siècle, le développement du Canada n’a pu évidemment être le même que celui des États-Unis. Aussi, tandis qu’au moment où la guerre de l’Indépendance éclatait, la colonie anglaise était arrivée à avoir une population de près de 3 millions d’âmes, la colonie française n’en avait encore que 200,000 ; elle a mis soixante-dix ans de plus, avec une réglementation à outrance, pour atteindre le même résultat. Dès 1776, la Nouvelle-Angleterre avait une organisation tellement solide qu’elle pouvait lutter contre l’Angleterre et conquérir son indépendance.
Après le traité de Versailles qui fonda la République des États- Unis, le développement de ce pays prit un nouvel essor et sa puissance n’a fait que grandir d’année en année.
Aujourd’hui, les États-Unis possèdent un territoire grand comme l’Europe et une population de -40 millions d’habitants!... Examinons plus particulièrement ses progrès pendant les dix dernières années!...
En 1860, la population était de 31 millions; elle s’est donc accrue de un quart environ en dix ans ou de 2,22 p. 100 par an.
La classe des agriculteurs compte pour 22 p. 100 dans le chiffre